L'armée canadienne entend aller de l'avant avec sa nouvelle stratégie qui envoie les soldats vivre parmi les Afghans, malgré le décès d'un autre militaire cette semaine.

Le lieutenant-colonel Jerry Walsh explique que les Canadiens ne se retrancheront pas derrière la sécurité de leurs bases après le décès du lieutenant Andrew Nuttall.

«Tous nos pelotons, tous nos soldats, vivent maintenant au sein de la population, a dit M. Walsh. Ils le font très ouvertement, pour que nous puissions tisser des liens (avec la population), pour gagner leur confiance et fonctionner plus efficacement.»

Le lieutenant Nuttall a perdu la vie quand une mine improvisée a explosé, mercredi, à l'extérieur du village de Nakhoney où les soldats canadiens habitaient depuis un mois. Un soldat afghan a aussi été tué pendant qu'un interprète était blessé.

«Ils s'étaient rendus dans le même coin tout récemment, a dit le colonel Walsh. Mais ce jour-là, malheureusement, il y a eu une explosion et Andrew a été tué.»

Le colonel Walsh trouve cet incident «surprenant» compte tenu du niveau de confiance qui a déjà été atteint avec les habitants du village, mais il précise que la stratégie de changera pas.

Des milliers de personnes ont assisté, jeudi, au départ du cercueil du lieutenant Nuttall à l'aéroport de Kandahar.

Jusqu'à tout récemment, les soldats canadiens balayaient une région pour tenter d'en déloger les insurgés, mais ces derniers y revenaient dès leur départ. Les Afghans ne se sentaient donc pas davantage en sécurité.

«(Les soldats de la coalition) vont dans un village, ils vont dans un autre village, mais ça ne donne rien parce que les insurgés reviennent, a récemment expliqué Niaz Mohammad Sarhadi, le dirigeant du dangereux district de Zhari. Si vous venez en plein jour et qu'un villageois vous parle, il met sa vie en danger, parce que vous allez repartir à la tombée de la nuit.»

Le village de Nakhoney, dans le districti de Panjwaï, est reconnu depuis longtemps comme un point chaud par les soldats canadiens. Mais la présence récente de soldats canadiens et afghans semblait avoir calmé la situation.

Les résidants informent de plus en plus les soldats de l'emplacement des mines improvisées, qui ont causé des dizaines de morts depuis le début de la campagne.

«Nous connaissons beaucoup de succès à cet égard, donc (l'attaque à la mine improvisée) représente toute une surprise», a admit le colonel Walsh.

Les soldats canadiens n'entendent malgré tout pas délaisser leur stratégie, qui vise à former un «cercle de stabilité» autour de la ville de Kandahar. Renforcés par l'arrivée de quelque 2000 soldats américains, ils profitent du calme relatif de l'hiver pour s'installer dans des villes près de Kandahar et dans la ville elle-même.

C'est une approche plus risquée à laquelle la mort du lieutenant Nuttall ne changera rien, a dit le colonel Walsh.

«Les soldats sont déterminés et ils sont convaincus de l'importance de leur mission, a-t-il dit. Nous devons vivre parmi (les Afghans), nous devons apprendre à les connaître, nous devons obtenir leur confiance. Ca leur permettra d'envisager un meilleur avenir - un avenir dans lequel ils seront protégés par les forces nationales afghanes.»