Amnistie internationale Canada joint sa voix aux partis de l'opposition à Ottawa pour réclamer une commission d'enquête publique sur le transfert de détenus afghans par les autorités canadiennes.

«C'est maintenant très clair que les procédures normales comme des questions dans la Chambre des communes, les enquêtes par des comités parlementaires et les processus devant les tribunaux ne sont pas capables de faire la lumière sur les questions graves et préoccupantes concernant la politique et la pratique canadienne en ce qui concerne les prisonniers en Afghanistan», a souligné mardi en conférence de presse Alex Neve, secrétaire général d'Amnistie internationale Canada.M. Neve accuse le gouvernement d'avoir fait de l'obstruction systématique dans le dossier et de dissimuler des informations. Il n'y a aucun doute dans son esprit que des prisonniers transférés par le Canada dans les prisons afghanes ont été torturés. Le seul moyen de connaître toute la vérité sur le rôle du gouvernement est selon lui de tenir une enquête publique.

Amnistie internationale et l'Association des libertés civiles de Colombie-Britannique ont intenté des actions devant les tribunaux depuis 2007 pour que le Canada cesse de transférer des prisonniers aux autorités afghanes.

La semaine dernière, les allégations faites par le diplomate Richard Colvin en comité spécial sur l'Afghanistan sont venues jeter de l'huile sur le feu. M. Colvin a notamment affirmé qu'il avait tenté à de nombreuses reprises d'alerter les autorités canadiennes quant aux risques encourus dans le transfert de prisonniers et qu'Ottawa n'a rien fait pour changer la situation. Le gouvernement aurait même tenté de faire taire le diplomate, selon la version de ce dernier. Depuis le témoignage, le ministre de la Défense nationale, Peter MacKay, tente par tous les moyens de discréditer les allégations de M. Colvin. Lundi, il a toutefois admis que le Canada avait cessé à trois reprises, en 2009 seulement, le transfert de prisonniers, dont deux fois à la suite d'allégations de mauvais traitements.