Les démocrates de Barack Obama ont discrètement consulté des conseillers à Ottawa afin de voir de quelle façon ils pourraient convaincre le gouvernement fédéral de maintenir les Forces canadiennes en Afghanistan après 2011.

Au fait de l'opposition manifestée parmi les rangs politiques et la population au sujet du prolongement de la mission canadienne sur le sol afghan, les responsables américains - politiques et militaires - peinent à comprendre les préoccupations des Canadiens et à trouver les bons arguments pour convaincre le gouvernement de Stephen Harper de garder des troupes an Afghanistan, selon des sources issues des milieux de la défense.

Les Etats-Unis n'ont pas demandé officiellement - ni même officieusement - à Ottawa de prolonger la présence des 2850 soldats, instructeurs et aviateurs qui se trouvent dans la région instable de Kandahar, où 120 militaires et un diplomate ont perdu la vie depuis le début de la mission canadienne, il y a maintenant plus de sept ans.

Les questions posées par les Américains visent cependant à préparer le terrain en vue d'une éventuelle requête en ce sens, que l'administration du président Obama pourrait formuler plus tard cette année ou au début de 2010, selon une source familière avec le dossier.

On ignore si Washington demanderait au Canada de demeurer à Kandahar ou de déployer des troupes ailleurs en Afghanistan.

La délicate manoeuvre américaine reflète la nouvelle façon de procéder du gouvernement américain auprès des alliés des Etats-Unis. Elle marque également une rupture avec l'époque où George W. Bush, alors président américain, avait déclaré: «Vous êtes avec nous ou contre nous dans la lutte contre la terreur».

La démarche informelle des Américains ne constitue aucune surprise pour les diplomates d'expérience, qui affirment que le retrait d'Afghanistan prévu par les Canadiens en 2011 - tout comme la décision prise par les Pays-Bas de rapatrier leurs propres troupes en juillet de l'an prochain - complique les projets à long terme des Américains dans la région.

Le président Obama a clairement fait savoir, avant et depuis son arrivée au pouvoir, que l'Afghanistan constituait le principal front dans la guerre menée contre al-Qaïda et le terrorisme.