La police afghane enquête en collaboration avec les Canadiens sur un attentat-suicide contre le palais du gouverneur de Kandahar, samedi, qui a tué cinq personnes, dont trois agents.

Selon le frère du président afghan et chef du conseil provincial de Kandahar, Ahmad Wali Karzai, trois kamikazes ont réussi à franchir un premier barrage de sécurité et à pénétrer dans l'enceinte du gouvernorat.Le premier kamikaze s'est ensuite fait sauter à un deuxième poste de police, tandis que les deux autres ont réussi à pénétrer plus avant, avant de se faire tirer dessus et de déclencher leurs explosifs. La police recherchait toujours un possible quatrième assaillant, a ajouté M. Karzai.

Bilan de l'attaque: trois agents de la Police nationale afghane ont été tués, ainsi que deux civils, selon les informations glanées dans une conférence de presse samedi après-midi. Parmi la dizaine de blessés, on compte trois policiers et sept civils, parmi lesquels trois femmes. Ils ont été évacués à l'hôpital Mirwais. Le gouverneur de Kandahar est sain et sauf.

«Nous devons renforcer notre sécurité, a-t-il commenté au cours de la conférence de presse. Nous devons vraincre nos ennemis.»

Selon une porte-parole des Forces canadiennes à la base aérienne de Kandahar, les militaires canadiens ont appuyé les forces de sécurité afghanes dans le contrôle du périmètre de sécurité. Aussi, une équipe canadienne de disposition des engins explosifs a été envoyée en soutien pour l'enquête. L'Equipe provinciale de reconstruction, une unité de civils et de militaires canadiens qui soutient une foule de projets dans la province, a fourni les effectifs.

Ancien bastion des talibans, la province et la ville de Kandahar sont au coeur de la guerre anti-insurrectionnelle menée par la Force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS) de l'OTAN, dont fait partie le Canada. Le commandant de la Région Sud de la FIAS, Mart de Kruif, a prévu récemment une intensification des combats dans cette zone, où s'installeront d'ailleurs la majorité des 17 000 soldats américains appelés en renfort par le président Barack Obama. Kandahar est cruciale pour l'issue de cette guerre, a précisé Mart de Kruif.

La province reçoit la majorité des investissements et des efforts de développement du Canada en Afghanistan, qui s'élevaient à 350 millions $ au cours de la dernière année fiscale. C'est là où est basé l'essentiel du contingent canadien d'un peu moins de 3000 militaires.

Début avril, des kamikazes déguisés en soldats se sont fait exploser au conseil provincial et ont tué 13 personnes. La semaine dernière, un attentat-suicide était aussi survenu à proximité d'un hôpital. Le chef du conseil provincial avait dénoncé l'attaque avec virulence, en la qualifiant d'indigne des Pachtous.

L'été dernier, les talibans avaient attaqué la prison de Kandahar et libéré environ 870 détenus, dont quelque 400 insurgés.

Les policiers sont particulièrement visés par les insurgés. On estime que la police afghane perd environ un peloton par mois, en incluant aussi les cas d'accident et les problèmes de drogue. Les policiers afghans représentent 87 pour cent des pertes de l'ensemble des forces de sécurité afghanes, incluant l'armée.

Dans la grande région de Kandahar, il y aurait actuellement environ 2400 policiers pour 1,5 million d'habitants, ce qui est largement insuffisant en situation d'insurrection, selon les spécialistes. C'est une des raisons pour laquelle les alliés internationaux, dont le Canada, investissent dans la formation et le mentorat de la police.