Le nombre de soldats de la coalition tués par des engins explosifs improvisés en Afghanistan a doublé au cours de l'année 2008, atteignant un total de 161 par rapport à 75 en 2007, indique un nouveau document du Pentagone.

Ces données correspondent à ce qui est vécu par les troupes canadiennes déployées à Kandahar, dans le sud-est de l'Afghanistan. Chez les Canadiens, 20 des 32 soldats ayant perdu la vie au cours de la dernière année l'ont été à la suite de l'explosion d'une de ces bombes artisanales.

Au cours de 2008, 3276 engins explosifs improvisés (EEI), aussi appelés bombes artisanales, ont sauté ou ont été détectés au moment du passage des forces de la coalition, indique la Joint IED Defeat Organization (JIEDDO), une branche du Pentagone dont le travail est de trouver des solutions pour enrayer ce fléau.

Ce nombre (3276) représente une augmentation de 45% sur 2007, indiquait hier matin un article paru à la une du quotidien USA Today. «Enhardi, agressif, l'ennemi a augmenté son utilisation des EEI», reconnaissait Irene Smith, porte-parole de cette agence.

La JIEDDO constate aussi que l'explosion de ces bombes a blessé 722 soldats de la coalition en 2008, ce qui constitue également un record depuis l'invasion américaine de l'Afghanistan en octobre 2001.

Les chiffres faisant référence au nombre de morts chez les Canadiens ont été compilés par La Presse à partir des informations publiées sur le site internet du ministère de la Défense nationale. On y qualifie les EEI tantôt d'engin explosif improvisé, tantôt de dispositif explosif de circonstance.

Tous les experts semblent d'accord sur la croissance du phénomène des EEI. Il y a quelques jours, alors que nous faisions le bilan de l'année des troupes canadiennes en Afghanistan, l'historien et expert militaire Jack Granatstein déclarait: «En 2006, les soldats étaient souvent engagés (et tués) dans des combats contre des unités de talibans. Cette année (en 2008), ce sont les bombes artisanales qui ont fauché les vies.»

Après un automne relativement calme, le mois de décembre a été particulièrement meurtrier pour les Canadiens avec 9 militaires tués, tous par des EEI, en 22 jours.

Qu'ils soient américains, canadiens, anglais ou néerlandais, tous les militaires engagés dans les missions les plus dangereuses en Afghanistan cherchent désespérément les moyens de contrer les effets de ces bombes. Ils ont tour à tour renforcé les blindages des véhicules, doté ceux-ci de brouilleurs pour contrer le déclenchement des bombes par émetteurs (téléphones cellulaires, ouvre-portes de garage) et acheté des véhicules spécialement conçus pour détecter et neutraliser ces engins. Rien à faire. Les talibans et les insurgés réussissent toujours à trouver de nouvelles façons de faire.

Au cours des prochains mois, l'armée canadienne entend utiliser davantage d'hélicoptères pour assurer le déplacement des troupes par la voie des airs. Elle a entre autres acheté auprès des Américains une petite flotte d'appareils Chinook usagés.

L'article du USA Today indique par ailleurs que si le nombre d'attaques aux EEI augmente en Afghanistan, il est en baisse en Irak. Dans ce pays, on a enregistré 8999 cas en 2008 comparativement au sommet de 24 302 bombes en 2006.