Plusieurs voix, dont celles du premier ministre Stephen Harper et de l'ambassadeur du Canada en Afghanistan, Ron Hauffman, se sont élevées lundi pour nier les informations selon lesquelles la libération de Mellissa Fung, journaliste au réseau anglais de Radio-Canada (CBC), a été le fruit d'un échange de prisonniers.

Mme Fung, qui a été libérée samedi après avoir passé 28 jours dans une cavité souterraine en Afghanistan, souvent enchaînée et les yeux bandés, n'a pas été relâchée à la suite d'un échange de prisonniers ou du versement d'une rançon sous quelque forme que ce soit, a assuré le premier ministre.En conférence de presse à Ottawa, M. Harper a déclaré que malgré les informations faisant état du paiement de rançon ou de sommes d'argent, cela n'a pas été le cas. Il n'y a pas non plus eu de libération ni d'échange de prisonniers politiques, a-t-il affirmé.

La journaliste de 35 ans a été enlevée par des hommes armés le 12 octobre après avoir fait des entrevues dans un camp de réfugiés, non loin de la capitale afghane, Kaboul. Les médias du monde entier ont accepté de tenir son enlèvement secret pour préserver sa sécurité.

Bien que le mystère plane toujours sur les circonstances entourant sa remise en liberté, des responsables afghans ont attribué sa libération aux efforts soutenus de dirigeants tribaux et de membres du conseil de la province de Wardak, au sud-ouest de la capitale.

Lundi, toutefois, un quotidien pakistanais, citant des sources anonymes, écrivait que deux dirigeants talibans auraient été échangés contre la libération de Mellissa Fung. Le Pakistan Observer prétend que les deux seigneurs de guerre talibans, qui faisaient face à des accusations de terrorisme, ont été libérés par le gouvernement afghan.

L'ambassadeur Ron Hoffman a nié l'information. En entrevue à La Presse Canadienne, il a dit avoir été associé de près aux événements et être «raisonnablement certain» qu'il n'y avait pas eu d'échange impliquant des prisonniers talibans.

M. Hoffman a dit qu'il était possible que des demandes aient été formulées pour obtenir la libération de la journaliste, puisqu'il s'agissait d'une otage occidentale.

Selon M. Harper, le succès des négociations est dû aux efforts de «centaines» de responsables des gouvernements canadien et afghan. Tout a été fait dans le respect des lois des deux gouvernements, a-t-il dit.

A son tour, le gouvernement afghan a repris les démentis. «Il n'y a absolument rien eu, pas d'échange, rien», a affirmé Ahmed Wali Karzaï, président du conseil provincial de Kandahar et demi-frère du président Hamid Karzaï.

M. Karzaï a attribué la libération de la Canadienne à la police secrète afghane, qui l'aurait retrouvée.

Les services secrets afghans ont rendu publique une vidéo montrant la journaliste, vêtue de vêtements traditionnels afghans, apparemment en bonne santé.

Au cours d'un point de presse, lundi à Kaboul, des représentants de la Mission des Nations unies pour l'assistance à l'Afghanistan se sont dits préoccupés par le nombre élevé d'enlèvements récents.