Au Nouvel An, c'était la coutume au Népal. Un courtier rencontrait les familles pauvres du peuple tharu et louait les services annuels de leurs filles. Pour une poche de riz.

Ces esclaves modernes, âgées de 7 à 17 ans, étaient ensuite transportées loin chez leurs maîtres et soumises aux tâches ménagères, au gardiennage d'enfants ou au travail dans les champs. Jusqu'à 16 heures par jour.

C'est ce genre d'histoires qui a poussé Michelle Bonneau à tout abandonner, en 2005, pour travailler comme bénévole dans la région de Dang, à 425 km au sud-ouest de Katmandou, au Népal. Son objectif: permettre aux mères de s'affranchir de l'esclavage et à leurs filles de s'instruire.

Michelle Bonneau me raconte sa vie hors de l'ordinaire dans sa petite maison de Sante-Marthe-sur-le-Lac, au nord de Montréal. Je découvre une femme fragile, dont le parcours est guidé par son désir d'aider les autres, mais aussi par un profond mal de l'âme, une quête de sens.

«Le gris en moi me pousse souvent au bord du précipice. Mais c'est Dieu qui me ramène, chaque fois», m'explique-t-elle.

Née à Matane en 1947, Michelle Bonneau est déracinée de sa Gaspésie natale dès l'âge de 7 ans. Sa famille déménage alors à Nipigon, dans le nord de l'Ontario, où son père a trouvé du travail dans le chemin de fer.

Là-bas, c'est l'humiliation, à l'école comme au village: Michelle est grassette, «frog» et sa famille vit sous le seuil de la pauvreté.

Après une dizaine d'années d'exil, un grave accident de travail du père force les Bonneau à quitter la campagne pour revenir au Québec, à Montréal. Pour Michelle, qui doit maintenant se soumettre aux règles strictes d'une école urbaine dirigée par des soeurs, c'est à nouveau le choc.

«J'étais complètement déprimée. J'avais la certitude que ma vie était en danger, que j'étais pour me tuer», raconte Mme Bonneau. Après une nuit de réflexion, pour donner un sens à sa vie, elle choisit d'entrer en communauté avec les Soeurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, en août 1964.

Sa vie la mène à Témiscaming, où elle devient enseignante dans une école bilingue. Sa fougue au travail, son empathie et son dévouement pour les démunis lui valent l'estime de tous. Mais à la fin des années 80, ses idées noires refont surface. Elle suit alors une longue thérapie en Ontario, perd 143 lb, puis entreprend une maîtrise en travail social, au terme de laquelle elle décide de quitter la congrégation.

«J'étais en colère contre Dieu», dit Michelle Bonneau dans un français parsemé d'anglais.

Le tour du monde

En 1994, Michelle Bonneau traverse le Canada d'est en ouest en voiture. Un séjour à Kelowna, en Colombie-Britannique, l'incite à y ouvrir un bureau de consultation, où elle offre son aide aux alcooliques et aux victimes de traumatismes, entre autres.

Durant les années qui suivent, elle mijote un nouveau projet, celui de faire le tour du monde et de rencontrer des femmes pour comprendre leur mode de vie. En juin 2000, elle traverse donc l'Afrique depuis Le Cap, à l'extrême sud, jusqu'en Égypte, puis se rend en Jordanie, en Syrie, en Turquie, en Iran, au Pakistan, en Inde et, enfin, au Népal.

«En dehors de l'Occident, les femmes n'ont pas d'individualité. Elles sont trop occupées à travailler et à survivre pour penser à elles-mêmes», dit-elle.

Au Népal, elle apprend le destin des filles esclaves du peuple tharu. Cette rencontre fait germer en elle son projet de fonder un organisme pour leur venir en aide, l'International Women Education Network (IWEN). «Moi, l'injustice, ça m'enrage.»

Elle revient au Canada en 2001, mais décide en 2004, sur un appel spirituel, de vendre son condo de Kelowna et d'utiliser ses économies pour faire du bénévolat pendant cinq ans au Népal.

Sur place, elle réussit avec des partenaires locaux à nouer des liens et à former des groupes de mères tharu qui ont vécu l'esclavage (bondage). Elle les convainc de faire instruire leurs filles.

Afin de leur éviter la dépendance, IWEN demande à ces mères une rétribution en échange, tels un poulet, du bénévolat ou des vêtements à recycler.

Les 200 femmes des divers groupes s'entendent alors pour verser chacune 10 roupies par mois, soit l'équivalent de 13 cents canadiens. Leurs filles vont ainsi à l'école et elles-mêmes apprennent à lire. «Au début, elles ne nous regardaient pas dans les yeux, mais après six mois de cours, un groupe de femmes s'est rendu manifester en ville pour exiger l'électricité dans leur village... et elles ont réussi», raconte Mme Bonneau.

Avec les roupies amassées, IWEN et ses partenaires créent un fonds pour faire de petits prêts à très faibles taux d'intérêt. Par exemple, une femme emprunte 30$ pour démarrer un potager, avec lequel elle retire 4$ de revenus par jour. Une autre achète un porc qui lui donnera des porcelets.

Aujourd'hui, 547 mères népalaises et 217 filles sont devenues autonomes grâce à IWEN et à ses partenaires. L'instruction, l'autonomie et l'entraide les empêchent de retomber dans le cercle vicieux de la location d'enfants, une pratique abolie, mais qui subsiste sur le marché noir.

Depuis 2010, Michelle Bonneau retourne cinq mois par année au Népal et amasse ici des fonds avec IWEN. Pour elle, l'émancipation de ces femmes tharu est un véritable baume. «De voir leur courage, c'est ce qui me donne espoir», me dit-elle la larme à l'oeil.

Franchement, vos réalisations sont exemplaires, Michelle. Puissent-elles servir d'inspiration.



Personnalités humanisme et accomplissement personnel

STEVE FOSTER

Alors directeur général du Conseil québécois LGBT, Steve Foster a reçu le prix Droits et Libertés 2013, remis par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec (CDPDJ). M. Foster a passé neuf ans à la tête de l'organisation qui défend les droits des communautés lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres et transsexuelles. Neuf ans à « déconstruire l'homophobie » et à coordonner les échanges avec le milieu politique.

Semaine du 15 décembre 2013



SIMON-PIERRE CHEVARIE-COSSETTE

Le jeune homme est l'un des 11 Canadiens à avoir obtenu une bourse Rhodes afin d'étudier à l'Université Oxford, en Angleterre. La Fondation Rhodes choisit des candidats qui se démarquent par leur intellect, leur leadership et leur engagement à servir. Après une maîtrise en philosophie à l'Université de Montréal et de nombreuses années de bénévolat au sein d'un organisme d'alphabétisation, Simon-Pierre s'est envolé en septembre dernier vers l'Angleterre afin d'amorcer son doctorat.

Semaine du 29 décembre 2013



LISON GAGNÉ ET OLIVIER FARMER

Ces deux psychiatres désertent leurs bureaux, trois demi-journées par semaine, afin d'aller à la rencontre des sans-abri du centre-ville de Montréal. Ce nouveau projet de réaffiliation en itinérance et santé mentale (PRISM) donne des résultats encourageants. Des sans-abri, aux prises avec de sévères troubles mentaux, ont accepté d'être suivis et traités. Sur les 50 personnes prises en charge, 36 ont trouvé un appartement, 12 sont encore suivies et seulement deux sans-abri sont retournés vivre dans la rue.

Semaine du 9 février 2014



JASMIN ROY

Avec son nouveau coffret d'aide aux écoles et une capsule web mettant en vedette Céline Dion, Jasmin Roy poursuit son combat contre la discrimination et la violence en milieu scolaire. Les six manuels pratiques s'adressent tant aux enfants qu'aux parents et à la direction des écoles de la province. « L'intimidation ne fait pas de discrimination, elle touche tout le monde, peu importe le sexe, le milieu social ou la religion », soulignait Jasmin Roy.

Semaine du 16 mars 2014



FRANCINE LAPLANTE

Elle n'a peut-être pas réussi à fracasser le record mondial du plus grand rassemblement de nez rouges, mais Francine Laplante a amassé des millions de dollars pour aider les jeunes atteints du cancer. Avec sa fondation Néz pour vivre, Mme Laplante désire améliorer les soins entourant le traitement des jeunes de 18 à 30 ans. « L'hôpital Sainte-Justine est extraordinaire, mais à 18 ans, vous entrez dans le vrai système de santé. Et le choc est brutal. »

Semaine du 11 mai 2014



NATHALIE BERGERON

L'été dernier, les murs extérieurs de l'école Fernand-Lefebvre ont été tapissés de mille portraits de jeunes élèves. Après une quinzaine d'années passées à parcourir le monde et à travailler comme intervenante sociale, la photographe Nath. B. est revenue s'installer à Sorel, sa ville natale, lourdement touchée par plusieurs fermetures d'usines. Avec sa caméra et son studio mobile - un vieil autobus scolaire peint en rose -, la photographe a su redonner aux jeunes de son coin fierté et estime de soi.

Semaine du 22 juin 2014



RAYMOND CAPLIN

Avec 2166 de ses dessins, Raymond « Ray » Caplin a réalisé son premier court métrage d'animation intitulé In your heart-Dans ton coeur. Décrocheur, le jeune Amérindien a passé son adolescence reclus dans sa chambre. C'est l'arrivée du Wapikoni mobile dans son village qui a changé le cours de son destin. Ce studio roulant visite les Premières Nations afin d'initier les jeunes à la création musicale et au vidéo. Ray Caplin étudie maintenant le cinéma à l'Université Concordia.

Semaine du 29 juin 2014



LOUISE GAGNÉ ET ALAIN COUDÉ

En créant la Fondation des jumelles Coudé, en 1993, le couple désirait offrir un meilleur avenir à leurs filles atteintes de la polyneuropathie sensitivomotrice. Une maladie qui touche principalement la population du Saguenay-Lac-Saint-Jean, leur région natale. Grâce à des collectes de fonds, ils ont financé des recherches qui ont mené à l'identification du gène responsable de la maladie. Un test de dépistage est maintenant offert aux gens du Saguenay-Lac-Saint-Jean, où 1 personne sur 23 serait porteuse.

Semaine du 13 juillet 2014



FABRICE VIL

Ce jeune avocat de formation a tout laissé tomber pour devenir entrepreneur social et gérer à temps plein l'organisme Pour 3 points qu'il a cofondé avec des amis. Cette OSBL forme des entraîneurs de basketball qui deviendront de véritables « coachs de vie » pour des jeunes vivant en milieux défavorisés. Pour 3 points offre également des activités, après les classes, où basketball et aide aux devoirs sont offerts en alternance.

Semaine du 31 août 2014



OLIVIER BABIN

En mai dernier, Olivier Babin a obtenu une note parfaite de 45/45 pour l'ensemble de ses examens finaux au Collège Jean-de-Brébeuf. Il est le deuxième étudiant à réussir cet exploit en 30 ans d'existence du programme de baccalauréat international. Il poursuit ses études à la Faculté de gestion Desautels de McGill, avec un baccalauréat conjoint, économie et finance. Il reçoit aussi une prestigieuse bourse Greville Smith, l'une des plus importantes bourses d'admission à McGill.

Semaine du 28 septembre 2014



LOUISE CHAMPOUX-PAILLÉ

Lauréate du prix du Gouverneur général du Canada pour son «engagement féminin», Louise Champoux-Paillé milite depuis plus de 25 ans afin d'accroître la représentation des femmes au sein de la gouvernance des grandes entreprises. Au lieu d'imposer des quotas obligatoires, elle plaide plutôt pour un changement de structure dans l'ADN de nos organisations. Économiste et professeure, Mme Champoux-Paillé est catégorique: la province ne peut plus se priver de 50% de ses forces.

Semaine du 2 novembre 2014



ROBERT PANET-RAYMOND

Diplômé en génie civil de Polytechnique Montréal, cet ancien joueur des Carabins vient d'offrir 475 000 $ à l'organisation sportive. En additionnant cette somme à un premier don de 275 000 $ fait en 2011, Robert Panet-Raymond est devenu le plus grand donateur de l'histoire du sport dans les universités francophones d'Amérique. Les 475 000 $ serviront à la construction de vestiaires pour les Carabins et pour les équipes masculine et féminine de soccer de l'Université de Montréal.

Semaine du 9 novembre 2014



SEBASTIAN VAN BERKOM

Grâce à la grande générosité de Sebastian van Berkom, l'oeuvre Soleil du maître du verre soufflé Dale Chihuly restera dans la métropole. Un don de l'homme d'affaires a permis au Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) d'acquérir l'oeuvre monumentale, dont le prix dépassait le million de dollars. Le président de Van Berkom et Associés, société de gestion de placements, a accepté de verser une somme de 500 000 $ étalée sur dix ans.

Semaine du 7 décembre 2014



PIERRE RODRIGUE

La 14e mouture des 24 h de ski de Tremblant a fracassé plusieurs records. Les quelque 2300 participants qui ont skié, couru ou marché ont amassé la jolie somme de 2,3 millions de dollars. Pierre Rodrigue, président d'honneur des 24 h, s'affaire déjà à préparer l'édition 2015 et s'est mis en tête de faire encore mieux l'an prochain. En 14 ans d'existence, les 24 h de ski de Tremblant ont remis plus de 15 millions de dollars à différentes fondations qui viennent en aide aux enfants.

Semaine du 14 décembre 2014



TOUS LES QUÉBÉCOIS QUI LUTTENT CONTRE L'EBOLA

Médecins, infirmières, travailleurs humanitaires, plusieurs Québécois ont décidé d'aller en Afrique de l'Ouest afin de freiner l'épidémie d'Ebola. Le virus frappe plusieurs pays, comme la Sierra Leone, la Guinée et le Liberia. Conditions de travail difficiles, longues journées, chaleur et risque d'infection ont fait partie de leur quotidien. L'épidémie actuelle est la plus grave depuis l'apparition du virus, en 1976. Des quelque 18 000 cas recensés à ce jour, plus de 7000 personnes sont mortes.

Semaine du 28 décembre 2014