À l'automne, Jean-Guy Gévry, 72 ans, qui demeure à Saint-Blaise, a eu une bien mauvaise surprise. Le cancer de la prostate qu'il avait combattu il y a plusieurs mois est revenu et s'étend maintenant dans sa hanche. Pour le retraité, il s'agit d'une épreuve de plus dans une année déjà pénible.

Après avoir lutté sans relâche pour sauver sa maison après les inondations, il a dû se démener avec le gouvernement pour être indemnisé. Ce n'est qu'à la fin du mois de novembre qu'il a enfin appris que sa maison sera reconstruite. Mais à quel prix?

«Je suis fatigué. Au bout du rouleau. Hier soir, j'ai eu un down à en brailler. Je n'ai plus l'énergie de me battre.» C'est ainsi que M. Gévry résume son état d'esprit à quelques jours de Noël.

La maison de M. Gévry, qui était complètement envahie par les moisissures, sera finalement rénovée. À la fin du mois de novembre, le bâtiment a été soulevé et les fondations ont été enlevées. Mais depuis, les travaux avancent au compte-gouttes. «Dès qu'un travailleur ne se présente pas, tout prend du retard. C'est sûr que je ne serai pas chez moi pour Noël. Je vais passer les Fêtes à l'hôtel», affirme M. Gévry.

Jusqu'au mois d'octobre, M. Gévry habitait dans une roulotte à côté de sa maison. Mais quand le froid est venu, il a reçu de l'aide de l'organisme S.O.S. Richelieu pour habiter à l'hôtel. «Ils sont bien gentils. Le gouvernement refusait de m'aider à m'héberger en me disant que j'avais refusé l'aide dans un premier temps», dit-il.

La Croix-Rouge a finalement accepté, au début du mois de décembre, de payer l'hébergement de M. Gévry pour une dizaine de jours. «Mais je sais que dans 10 jours, je vais devoir encore demander de l'aide. Ça ne finit plus. À travers les travaux et tout, je n'en peux plus», déplore M. Gévry.

Financièrement, M. Gévry estime qu'il aurait été préférable pour lui de «laisser aller sa maison» pendant les inondations. «Le gouvernement me rembourse juste 80% de ce qu'il estime en travaux, donc 31 000$. Mais dans les faits, ça va me coûter beaucoup plus», dit-il. M. Gévry doit entre autres décontaminer l'ensemble du rez-de-chaussée de sa maison. Et refaire son puits.

En attendant, M. Gévry tente de s'accrocher à un projet. Le 7 janvier prochain, il ira visiter sa mère avec sa fille et ses petits-enfants. «On va réunir les générations et on va prendre une photo. J'ai hâte», dit-il.

Sculpteur de profession, M. Gévry est aussi en train de concevoir un projet pour témoigner des souffrances des sinistrés. Il a créé une main de bois qui émerge d'une mare d'eau. «Autour, je vais installer des manuscrits sur lesquels les gens vont pouvoir inscrire leurs récriminations et les absurdités bureaucratiques qu'ils ont entendues. J'espère que le projet va circuler dans les écoles, par exemple», dit-il.

M. Gévry s'engage aussi dans l'organisme Eau Richelieu, groupe de soutien aux sinistrés. «Il ne faut pas que les gens nous oublient», dit-il.