Le premier ministre du Québec, Jean Charest, était de passage jeudi après-midi à Saint-Jean-sur-Richelieu pour annoncer le décret autorisant la reconstruction dans les zones inondables du Richelieu, adopté mercredi par le Conseil des ministres.

À cette occasion, M. Charest a convenu que les fortes pluies du printemps et les quantités importantes de neiges tombées l'hiver dernier dans les montagnes entourant le lac Champlain étaient en grande partie responsables des inondations historiques qui ont touché la vallée du Richelieu en mai et en juin. Mais il a dit vouloir des explications plus poussées.

Si bien que, de concert avec le gouverneur du Vermont, il a envoyé une lettre au premier ministre canadien Stephen Harper et au président américain Barack Obama pour demander que la Commission mixte internationale crée un groupe de travail spécial sur le lac Champlain et la rivière Richelieu.

Le rôle de la Commission est de gérer les eaux limitrophes du Canada et des États-Unis. «On veut mieux comprendre pourquoi on a eu les inondations. [...] C'est évident qu'il y a eu la pluie et la neige abondante, mais il faut aller plus loin que ça pour prévenir[de nouvelles inondations]», a dit M. Charest, tout en rappelant que le dernier rapport du genre date de 1980.

Le maire de Venise-en-Québec, Jacques Landry, a accueilli favorablement cette initiative. «Les gens se reconstruisent. Mais la question qui reste, c'est,  Qu'est-ce qu'on fait avec cette rivière-là? », dit-il.

Le maire de Saint-Jean-sur-Richelieu, Gilles Dolbec, a quant à lui dit espérer «avoir des réponses avant.Parce que si on attend la commission mixte, on a le temps d'être inondé 10 fois».

Lors de la conférence de presse, jeudi, M. Charest a expliqué qu'en vertu du décret adopté la veille par le Conseil des ministres, environ 150 maisons aujourd'hui inhabitables et situées dans la zone 2-20 (qui peut être inondée au moins une fois tous les 20 ans) pourront être reconstruites à condition d'être immunisées contre les inondations futures. La somme maximale de 150000$ sera versée à chaque propriétaire qui aura un an pour effectuer les travaux. Les maisons  une poignée  situées dans la zone 0-2 ans, susceptible d'être inondée une fois tous les deux ans, ne pourront pas être reconstruites.

Le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil, a reconnu que les sommes versées aux familles ne permettraient pas de couvrir toutes les dépenses de reconstruction. «L'aide couvre 80% des biens essentiels. Les gens ont souvent bien plus de dommages. Oui, il y a une participation du gouvernement, mais il y a une forte participation des gens aussi.»

Le ministre Dutil a rappelé que déjà, 16 millions de dollars en dédommagement ont été versés aux victimes des inondations. «Sur ça, 6 millions ont été distribués pour des rénovations», a expliqué M. Dutil. Car les gens, dont les maisons n'avaient été que partiellement détruites, soit environ 2400 familles, n'étaient pas tenus d'attendre le décret pour commencer les travaux.

Il a fallu plusieurs semaines avant que le décret soit adopté, car toute la région a dû être cartographiée pour redéfinir les zones inondables, a expliqué M. Charest. Au cours des prochains jours, les nouvelles cartes seront présentées à la population. Puis un rapport sera rendu. Si bien que les sinistrés qui attendent les subventions de Québec pour reconstruire leur demeure devront patienter encore jusqu'à la fin du mois de septembre. Une situation qui ne réjouit pas les sinistrés (voir autre texte).

M. Charest a assuré avoir fait aussi vite que possible. «Mais on avait un total de 300 cartes à refaire. Ce travail prend généralement des mois. On a mis quelques semaines», a-t-il dit.