Quatre-cents diables. Cinq-cents râteaux. Cinq mille trousses du parfait bénévole... La quantité de matériel nécessaire à la Grande Corvée, qui commence aujourd'hui à 7h30 dans une vingtaine de villes de la vallée du Richelieu, est impressionnante.

L'organisme SOS-Richelieu, qui organise l'opération, s'attend à recevoir 2000 bénévoles aujourd'hui et demain pour aider 3000 sinistrés à nettoyer les dégâts laissés par les inondations historiques qui ont frappé la région depuis la fin du mois d'avril.

On attend des gens de la grande région de Montréal, mais aussi de Québec, de Sherbrooke et du Bas-Saint-Laurent. L'opération sera encadrée de façon rigoureuse. Pour éviter la confusion, les personnes qui se présenteront dans les villes sinistrées pour aider mais qui ne se seront pas préalablement inscrites auprès de SOS-Richelieu ne pourront prendre part à la Grande Corvée. «Nos bénévoles auront un brassard jaune», explique le président de SOS-Richelieu, Michel Fecteau.

La moitié des bénévoles travailleront dans les rues de Saint-Jean-sur-Richelieu. Les autres seront dispersés à Carignan, Venise-en-Québec, Clarenceville, Sainte-Anne-de-Sabrevois, Saint-Paul-de-l'Île-aux-Noix et Saint-Blaise. Certaines municipalités comme Henryville, Noyan ou Lacolle sont encore trop inondées pour que les travaux de nettoyage puissent commencer, a expliqué M. Fecteau.

Les 400 militaires qui se trouvent toujours dans la région ne prendront pas part au nettoyage, car ils n'en ont pas le mandat. Ils assureront plutôt la sécurité des bénévoles. M. Fecteau refuse de blâmer l'armée. «Les militaires répondent à des commandes. Si on ne leur a pas demandé de nettoyer, ils ne pourront pas le faire même s'ils le veulent», a-t-il dit.

Le coordonnateur de l'Organisation de la sécurité civile, Guy Laroche, était incapable de dire, vendredi, jusqu'à quand les soldats resteront en Montérégie.

Les entreprises généreuses

Vendredi matin, une quarantaine de bénévoles s'activaient dans un entrepôt de Saint-Jean-sur-Richelieu. Un groupe de 10 personnes assemblaient des diables, qui permettront de transporter les 500 000 sacs de sable qu'il faut retirer des terrains. D'autres déballaient des râteaux.

La quasi-totalité du matériel a été offerte gratuitement par des entreprises locales. «On a payé environ 5% du stock. La générosité des commerçants est incroyable», souligne Stéphane Laroche, responsable de l'approvisionnement à SOS-Richelieu.

Par exemple, 4000 repas seront distribués gratuitement aux bénévoles et aux sinistrés chaque jour de corvée. «Une entreprise de Saint-Hyacinthe s'est fait donner les ingrédients par des fournisseurs. Par exemple, le pain a été fourni par Première Moisson, le fromage par Saputo... Les repas seront distribués par camion réfrigéré sur le terrain», a précisé Marie-Josée Denis, responsable de l'accueil des bénévoles à SOS-Richelieu.

Le niveau de la rivière Richelieu et du lac Champlain a continué de baisser, vendredi - on a enregistré une diminution de 2 à 5 cm. Mais les forts vents du sud attendus aujourd'hui pourraient freiner la baisse des eaux.

Même si la situation s'améliore, le niveau de l'eau est encore supérieur de 1 m à la moyenne de ce temps-ci de l'année. Selon la Sécurité civile, il s'écoulera donc encore plusieurs semaines avant le retour à la normale puisque l'eau baisse en moyenne de 4 cm par jour.

Deux autres journées de corvée sont prévues les 18 et 19 juin. Plus de 3000 bénévoles seront nécessaires pour répondre à la demande. «Il reste encore des places», dit M. Fecteau, qui ajoute que les personnes intéressées doivent s'inscrire au 1-855-325-9911.