Une opération quasi-militaire se prépare en Montérégie alors que quelque 2100 bénévoles par jour participeront à l'immense corvée de nettoyage qui s'ébranlera ce week-end pour se conclure le week-end suivant.

Deux secteurs ne pourront toutefois en bénéficier en ce premier week-end parce que l'eau ne s'est pas suffisamment retirée, soit ceux de Saint-Pierre-de-Véronne-à-Pike-River et du Rang de la Barbote à Lacolle, à l'entrée du lac Champlain.

Cependant, même les municipalités qui bénéficieront de l'effort citoyen auront tout de même des secteurs qui seront encore inatteignables en raison de niveaux d'eau encore trop élevés.

C'est d'ailleurs pourquoi SOS Richelieu continuait vendredi de recruter des bénévoles pour le week-end suivant - les 18 et 19 juin -, l'organisme estimant les besoins à 3000 personnes le 18 juin et à 2600 le lendemain.

Son président, Michel Fecteau, redoutait par ailleurs la période qui suivra la Grande Corvée.

«Au fur et à mesure que l'eau se retire, c'est incroyable tout ce qu'on découvre au niveau débris. Une maison dans l'eau, ce n'est pas fait pour (ça). Ce n'est pas une arche de Noé. Ça ne flotte pas. Il y a beaucoup de dégâts, il y a beaucoup de surprises», a-t-il rappelé.

Pendant ce temps, le niveau continuait de diminuer, bien que la vitesse de cette baisse ait de quoi mettre à l'épreuve la patience des sinistrés.

Ainsi, selon la Sécurité civile, l'eau avait reculé de 5 à 8 centimètres jeudi sur la rivière Richelieu et de 2 à 4 centimètres sur le lac Champlain. Des baisses de 2 à 4 centimètres additionnels étaient attendues vendredi.

Cependant, de la pluie et des vents du sud de 30 à 50 kilomètres à l'heure, avec des rafales pouvant atteindre les 70 kilomètres à l'heure, sont prévus samedi, avec l'habituelle conséquence malheureuse.

«Ça devrait stabiliser le niveau des eaux pour un petit bout de temps et, par la suite, on s'attend à ce que (la baisse) reprenne, a indiqué le sous-ministre à la Sécurité civile, Guy Laroche. Les vents sont toujours un facteur qui affecte le niveau des eaux et c'est souvent difficile de prédire ce que ça va faire.»

Quoi qu'il en soit, la météo ne devrait nullement freiner les ardeurs de l'armée de bénévoles qui prendra la région d'assaut pour réaliser la Grande Corvée. Tout a été prévu pour rendre l'opération la plus efficace possible. Des autobus partiront de plusieurs endroits à Montréal et sur la rive-sud dès 7h00 du matin pour emmener les bénévoles à un point central à Saint-Jean-sur-Richelieu.

Là, ils seront accueillis par les organisateurs de SOS Richelieu, recevront du café et une collation, une trousse de bénévole comprenant notamment des lunettes, masques, gants et chasse-moustique, seront divisés en équipes de dix et envoyés sur le terrain.

Fait à noter, tout l'équipement, les collations et même le repas du midi leur seront fournis, gracieuseté des entreprises de la région et d'ailleurs. Les bénévoles doivent simplement s'assurer de se munir de bonnes bottes.

Même s'ils n'iront pas à l'intérieur des résidences, ils ne manqueront pas de travail pour autant.

Pas moins d'un demi-million de sacs de sable ont été utilisés pour élever des digues dans la région et chaque sac pèse près de 60 livres lorsqu'il est sec, près de 70 à 75 livres lorsque détrempé.

Les bénévoles seront surtout appelés à ramasser ces sacs, ainsi que des branches, débris et de nombreux déchets qui jonchent les terrains et à déposer le tout en bordure de route où ils seront récupérés par la machinerie lourde mobilisée pour l'occasion.

Mais, selon Michel Fecteau, le simple fait d'être sur place représentera en soi un appui non négligeable.

«Nos gens nous disent: si j'ai 100 poches de sable et les bénévoles en sortent 50 et sortent la moitié des débris, le fait de pouvoir jaser avec eux, de partager avec eux et de sentir qu'on a de l'aide et qu'on a ce geste de solidarité, vous aurez fait votre travail», a-t-il dit.

Les entreprises de la région ont par ailleurs fourni de nombreux outils, brouettes, diables, râteaux et autres pour réaliser cette Grande Corvée inédite dans l'histoire du Québec.

En date de vendredi, 1300 des 3000 résidences touchées étaient toujours inondées et 1229 personnes demeuraient évacuées de leur domicile, comparativement à 1855 au pire de la crise.

Samedi, les équipes devaient se rendre dans les municipalités de Carignan, Saint-Jean-sur-Richelieu, Saint-Blaise-sur-Richelieu, Saint-Paul-de-l'Île-aux-Noix, Sainte-Anne-de-Sabrevois, Saint-Georges-de-Clarenceville et Venise-en-Québec.