Plus de 50 jours après le début des inondations en Montérégie, le premier ministre Stephen Harper a visité la région, lundi, et a annoncé qu'Ottawa fournirait de l'aide financière. Les partis de l'opposition l'ont toutefois vertement critiqué pour avoir autant tardé à visiter les secteurs inondés et parce qu'il refuse toujours de changer le mandat de l'armée afin que les soldats aident la population à nettoyer les dégâts.

«Chaque fois que j'étais disponible pour venir, il semblait que la crise se passait», a dit M. Harper en point de presse quand on lui a demandé de justifier sa visite tardive en Montérégie.

Après avoir survolé les régions sinistrées, M. Harper a reconnu que les dommages sont «considérables». «Nous avons l'intention, dans toutes les régions touchées par les inondations, de payer 50% des mesures d'atténuation entreprises durant cette crise», a-t-il dit.

M. Harper s'est aussi dit «disposé à discuter d'une stratégie d'atténuation [...] visant à aider à améliorer les infrastructures pour qu'elles résistent mieux à de futures inondations». Le gouvernement pourrait par exemple financer le surélèvement de maisons bâties en zone inondable.

L'armée partira

Durant sa courte visite qui s'est déroulée sous étroite surveillance, M. Harper a rencontré quelques maires des villes inondées. À sa sortie de la rencontre, le maire de Saint-Paul-de-l'Île-aux-Noix, Gérard Dutil, a déclaré qu'il n'en était «pas tout à fait satisfait». «Je ne suis pas sûr que M. Harper comprenne la situation qu'on vit ici depuis le début», a-t-il dit.

M. Dutil a essayé de convaincre M. Harper de changer le mandat des Forces canadiennes pour permettre aux soldats d'aider au nettoyage. «Mais il a dit qu'il ne pouvait pas faire d'exception pour le Québec», a dit M. Dutil.

Devant les médias, M. Harper s'est dit prêt à «examiner la demande», mais a répété que l'armée est là pour répondre aux situations d'urgence seulement.

Le député libéral Denis Coderre ne comprend pas l'entêtement du premier ministre. «Il doit faciliter la vie des sinistrés!», dit-il. Le porte-parole du Bloc québécois en matière de défense, Jean-François Fortin, partage cet avis: «Les gens sont épuisés. On doit permettre à l'armée de rester.»

Assurance emploi

Les sinistrés de la Montérégie qui attendent de recevoir leurs prestations d'assurance emploi pourront, à l'instar des citoyens touchés par les inondations au Manitoba et les incendies de forêt en Colombie-Britannique, recevoir leurs prestations plus rapidement.

La Presse a révélé lundi matin que les sinistrés de la Montérégie n'avaient pas droit à ce traitement accéléré, contrairement à ceux de l'Ouest canadien. En matinée, M. Harper a confirmé que le programme serait ajusté. Son attaché de presse, Dimitri Soudas, a même reconnu qu'il était «inacceptable» que les sinistrés de la Montérégie n'aient pas eu ce privilège jusqu'à maintenant.

À la période des questions, à Ottawa, le député néo-démocrate de Saint-Jean, Tarik Brahmi, a dénoncé le fait que le gouvernement ait «jugé prioritaire d'accélérer l'aide aux sinistrés du Manitoba et de l'Alberta, alors que ceux du Québec ont été ignorés jusqu'à maintenant».

La ministre des Ressources humaines et du Développement des compétences, Diane Finley, a répondu que dès qu'elle a pris connaissance de la situation, elle a «demandé au Ministère de s'assurer que les victimes des inondations en Montérégie reçoivent immédiatement le même traitement prioritaire pour leurs demandes d'assurance emploi que les autres personnes ailleurs au Canada».

- Avec la collaboration de Malorie Beauchemin