Les sinistrés qui espéraient que le répit viendrait avec le beau temps devront patienter encore un peu. L'eau continuait de monter hier soir en Montérégie, menaçant d'atteindre les niveaux records du 6 et du 23 mai. Les experts s'attendent toutefois à une baisse graduelle au cours des prochains jours.

Même s'ils commencent à sentir que la crise tire à sa fin, les sinistrés craignent ce qui les attend une fois que l'eau se sera retirée complètement.

«Le moral des gens est bas, mais je pense que c'est après coup que ça va être le plus difficile. C'est un peu comme des funérailles, tout le monde est là une journée, mais c'est lorsqu'on se retrouve seul par la suite que ça frappe», a soupiré Robert Labrie, dont la résidence a déjà été nettoyée à deux reprises par des experts en sinistre. Hier, l'eau s'ést réintroduite au premier étage de sa maison pour la troisième fois. Son terrain est également lourdement endommagé.

Debout sur le balcon de sa résidence hier après-midi, il se questionnait sur la coordination des opérations de nettoyage. «Huit mille bénévoles, ça fait beaucoup de monde à gérer, a-t-il remarqué. Qui va les diriger? Qui va dicter les priorités? Les tâches à faire? Combien seront-ils par municipalité?»

L'opération nettoyage s'organise

Hier, la Sécurité civile a assuré faire le nécessaire pour assurer le bon fonctionnement de la grande opération de nettoyage les 11 et 12 juin prochains. Lundi, plus de 8000 personnes étaient déjà inscrites à la Grande Corvée organisée par l'organisme SOS Richelieu.

«On veut éviter d'avoir du monde qui ne fasse rien et c'est pour ça que, cette semaine, nous avons un marathon de rencontres avec tous les organismes qui veulent fournir des bénévoles», a expliqué le coordonnateur gouvernemental de l'Organisation de la Sécurité civile, Guy Laroche, lors du point de presse quotidien des autorités. «On regarde ce qu'ils offrent vraiment, quelles sont les capacités qu'ils apportent, s'il y a de l'encadrement, des véhicules, du matériel.»

Hier, le député de Saint-Jean, Dave Turcotte, a annoncé la mise sur pied d'un service de garde gratuit pour les sinistrés durant les grandes corvées.

Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, le président du Syndicat des cols bleus de Montréal, Michel Parent, et le directeur du Service de sécurité incendie de Montréal, Serge Tremblay, ont par ailleurs rendu visite aux autorités de Henryville et Sainte-Anne-de-Sabrevois dans le cadre d'un programme de jumelage. La Ville de Montréal prêtera de l'aide technique aux deux municipalités. Des inspecteurs en bâtiment de la Ville de Montréal sont déjà sur le terrain pour inspecter la structure de maisons inondées.

Quel avenir pour les riverains?

La Sécurité civile reconnaît qu'il faudra beaucoup plus qu'un week-end pour faire le ménage dans la région, d'autant plus que l'inondation est encore loin d'être terminée.

Bien que la réintégration ne soit pas encore envisageable à court terme, particulièrement pour les riverains, le ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard, a expliqué hier que la question de l'occupation du territoire en zone inondable était présentement analysée.

«Il y a des propositions. On les aborde avec ouverture. Peut-on se construire autrement, avec un solage plus haut, en zone inondable? C'est une approche, a-t-il expliqué. Il faut que l'information soit bien colligée, que ce soit bien documenté et que l'on connaisse par la suite les conséquences à court, à moyen et à long terme.»

Il a fait valoir qu'au-delà de la capacité de reconstruire, plusieurs familles pourraient être confrontées à des refus non seulement des autorités gouvernementales, mais aussi des assureurs ou des prêteurs hypothécaires, ce qui aura un impact sévère sur certaines. «Les gens qui, tous les jours, transbordent leur manger à la maison et qui regardent les enfants et se disent: «Demain, est-ce que notre bien sera encore là?» C'est à cela qu'on aura à répondre tous ensemble. Quel est l'avenir que l'on va donner aux familles?»

Micheline B. n'attendra pas l'aide du gouvernement. Elle a décidé que c'en était trop. La résidante de Saint-Paul-de-l'Île-aux-Noix mettra sa maison en vente sous peu. «J'ai 69 ans, je ne peux pas revivre cela. Même si je sais que ma maison va perdre de la valeur, j'ai déjà commencé à faire mes boîtes.»