Après six semaines d'inondations, la lumière commence à apparaître au bout du tunnel pour les 3000 sinistrés de la Montérégie. Le niveau du Richelieu devrait commencer à descendre pour de bon au milieu de cette semaine. La Sécurité civile prévoit toutefois qu'il faudra compter trois semaines avant que l'eau ne se retire complètement.

«Les prévisions à court terme, c'est-à-dire au cours de la semaine qui suit, semblent positives. Mais à plus long terme, il est difficile de prévoir où on en sera», a nuancé Guy Laroche, sous-ministre associé à la Direction générale de la sécurité civile et de la sécurité incendie du ministère de la Sécurité publique. «Comme vous savez, il faut beaucoup de temps au bassin pour réagir. On parle de trois, quatre jours dans certains cas. On s'attend à avoir une diminution progressive. Durant cette diminution, si nous avons encore des pluies importantes, ça pourrait changer la donne.»

Ce week-end, les crues ont au moins gonflé de 10 à 15 centimètres. Les niveaux de l'eau n'ont toutefois pas atteint les sommets historiques des 6 et 23 mai derniers, comme il avait été annoncé il y a quelques jours. La hausse devrait se poursuivre aujourd'hui pour se stabiliser demain. Les experts estiment que les niveaux diminueront progressivement par la suite.

«La lumière s'en vient au bout du tunnel. Il reste peu de jours. Il y a encore deux, trois journées difficiles quand même à passer. Je pense qu'il faut poursuivre les efforts. Le moral des gens sur le terrain s'améliore parce qu'on voit heureusement le soleil s'en venir», a déclaré hier en point de presse le député de Huntingdon, Stéphane Billette.

Entraide

Alors que plus de 8000 bénévoles se sont portés volontaires pour participer à l'effort de nettoyage (voir texte en page 4), sur le terrain, les sinistrés continuent de se serrer les coudes.

Afin de se remonter le moral, les résidants de la rue Bouthiller, à Sainte-Anne-de-Sabrevois, se rassemblent les soirs de week-end autour d'un feu de camp sur une plateforme en plein centre de la rue inondée. «Ça nous permet de jaser et de nous défouler», a expliqué Louise Boulerice, instigatrice de cette initiative. «On a beau dire que ce ne sont que des pertes matérielles, quand ça fait 30 ans qu'on travaille pour se bâtir une vie, ça fait mal.»

Martin Pratte, qui vit dans de l'autre côté de la rue, abonde dans le même sens. «Au début, les gens avaient besoin d'un coup de main logistique, par exemple d'aide pour transporter des sacs de sable. Maintenant, c'est de soutien moral qu'ils ont besoin», a-t-il affirmé.

«Ça rapproche le voisinage, on ne se parlait pas tous avant, a ajouté sa conjointe, Jessica Hogue. Mais ça commence à être triste parce qu'il y a des gens dans la rue qui commencent à apprendre que leur maison est une perte totale.»

Hier, les policiers ont fait le tour de la rue Bouthiller pour inciter les citoyens à quitter leur résidence inondée. «Ils nous ont dit que l'odeur et l'humidité n'étaient pas bonnes pour nos poumons», a expliqué hier après-midi Gaétane Coupale-Allard, 82 ans, debout sur son balcon avec son mari Jean Allard, 85 ans, et leur caniche Gigi. «On ne veut pas partir, on est des vieux forts! Ça fait 60 ans qu'on est mariés», a-t-elle ajouté.