Malgré une stabilisation du niveau de la rivière Richelieu ce week-end, le ras-le-bol est de plus en plus manifeste chez les sinistrés qui luttent depuis trois semaines pour limiter les dégâts causés par les inondations. La Sécurité civile a d'ailleurs souligné l'existence de services de soutien psychologique offerts dans les centres d'aide aux sinistrés ou via la ligne Info-Santé.

«C'est trop long! On est écoeurés, tout le monde est à bout», a résumé hier Gaétan Guérin, citoyen de la rue Gamelin. Le père de famille a pourtant eu de la chance. Il vit dans une maison surélevée et construite selon les normes les plus récentes de construction en ce qui a trait aux inondations.

«Je commence à sentir la détresse psychologique de mes voisins», a-t-il expliqué. «Et je pense que les lendemains vont être encore plus difficiles, lorsqu'on sera à l'heure de constater les dégâts.»

Martine Bourque et Cyril Solbes vivent en face de chez M. Guérin. Dès les premiers jours des inondations, les égouts ont refoulé dans leur sous-sol. Puis, l'eau s'est infiltrée par le panneau électrique et les fenêtres pour atteindre quatre pieds. Leur fils de deux ans et demi est gardé par leur grand-mère depuis trois semaines, car la maison a été privée d'électricité durant de longues périodes de temps.

«On vit une période de stress intense. La semaine passée, j'avais mal aux dents tellement je les avais serrées», a expliqué Mme Bourque. «On espère que le pire est passé, mais le problème, c'est que ça ne finit pas de finir! En fait, on a un peu lâché prise parce que de toute façon, on a tout perdu ce qui se trouvait au sous-sol.»

Patience

Malgré la chute de 30 millimètres de pluie ce week-end le niveau de l'eau avait considérablement baissé aux abords des berges de Saint-Jean-sur-Richelieu, selon le témoignage de plusieurs résidents. Dans certains secteurs, le niveau de l'eau est passé de la taille aux mollets en quelques jours. Si les riverains se réjouissaient de cette accalmie, ils craignaient toutefois ce qui les attend dans les prochains jours.

La semaine dernière, la rivière Richelieu a officiellement baissé de 20 centimètres. Au cours du week-end, le cours d'eau a encore diminué de quatre centimètres. La sécurité civile s'attend toutefois à ce que le niveau du cours d'eau augmente de trois centimètres au cours des prochains jours.

La progression sera cette fois-ci très lente, à moins que des vents très forts ne soufflent en provenance du sud, a expliqué le directeur de la sécurité civile de la Montérégie, Yvan Leroux. Toutefois, celui-ci ne croit pas que l'eau pourrait remonter au niveau record du 6 mai dernier.

«Nous avons noté une légère augmentation des débits des rivières des Hurons, l'Acadie et aux Brochets qui se jettent dans la Richelieu. Pour ces raisons, il faudra faire preuve de patience avant de permettre l'accès aux résidences inondées et de planifier la réintégration», a expliqué le directeur de la sécurité civile de la Montérégie, Yvan Leroux.

Ce dernier a ajouté que le niveau du lac Champlain, qui se déverse dans la rivière Richelieu, avait recommencé à monter au Vermont. L'eau pourrait arriver en Montérégie au cours des prochains jours et rehausser la crue des eaux. Autre problème: Environnement Canada prévoit des précipitations toute la semaine.

«Ce n'est pas facile de vivre sans savoir quand ça va se terminer», a expliqué hier Shawn Regan, qui vit sur la rive de la rivière. «On lutte jour et nuit. On est fatigués. J'en suis d'ailleurs à ma deuxième dose d'antibiotiques. Mais il faut continuer parce qu'une fois que tu abandonnes, c'est fini.»

Avec La Presse Canadienne