Rue Saint-Maurice, l'eau borde les pelouses et caresse les seuils des maisons. Peu de voitures s'aventurent dans la rue, baignée de calme. Au bout, l'eau placide rejoint la rivière Richelieu, agitée. Les deux dernières semaines ont été éprouvantes pour les habitants de Saint-Jean-sur-Richelieu. Si le niveau de l'eau a baissé hier, les sinistrés restent sur le qui-vive. Déjà, la météo prévoit le retour de la pluie, aujourd'hui et demain.

Louis Hamel et sa compagne, Stéphanie, se déplacent à bord d'un VTT amphibie depuis que la rivière a débordé jusqu'à leur maison, dans une rue tranquille de Saint-Jean. «Tant que le soleil est là, ça va», expliquent-ils. L'eau a commencé à baisser dans les derniers jours, même si le vent du sud n'a pas joué en leur faveur hier. Ils refusent malgré tout de s'inquiéter pour les prochains jours. «On ne s'énerve pas avec ça. On verra bien.»

À quelques mètres de là, leur voisin, Michel, lunettes de soleil sur le nez, les pieds sur une chaise, profitait de la clémence de la météo pour prendre un bain de soleil devant sa maison. Son jardin est protégé par des sacs de sable. Une seule de ses voitures peut passer à travers la quarantaine de centimètres d'eau qui stagne dans la rue. Il est sur le qui-vive. «Ce week-end, il pleut, on est bien inquiets», a-t-il dit.

Jeudi, la Sécurité civile prévoyait des averses et un retour au niveau historique atteint par la rivière Richelieu. Les prévisions météo ont toutefois changé, hier, et les averses ne devaient commencer qu'aujourd'hui. D'ici à lundi, Saint-Jean-sur-Richelieu pourrait recevoir jusqu'à 40 mm de pluie. «Il pourrait y avoir une hausse du niveau de l'eau lundi, mais c'est difficile à prévoir», dit Sylvain Latour, chef de cabinet du maire de Saint-Jean-sur-Richelieu.

La municipalité a recensé depuis le début des crues plus de 800 maisons dans les zones inondées, dont 350 ont subi des dommages. Des équipes ont commencé jeudi à sillonner la région pour évaluer l'ampleur des dégâts. «Plus les équipes vont s'approcher de la rivière, plus ça va être long», a expliqué M. Latour.

Manon Guertin craint d'attendre trop longtemps les inspecteurs. Sa maison, au bord de la rivière, n'a pas été trop inondée, mais l'eau s'est infiltrée dans le vide sanitaire et touche le sol du rez-de-chaussée. «Il faut tout refaire, alors on prend de l'avance, dit son compagnon, Alain Guy. On va avancer, faire nos travaux. On prend des photos pour l'aide financière. Et advienne que pourra.» Le couple reste toutefois serein. «Il y a des gens qui sont plus mal pris», dit Manon Guertin avec le sourire.

Les sinistrés qui ont dû évacuer leur maison devront prendre leur mal en patience. Quant à ceux qui ont posé des sacs de sable, la Sécurité civile leur demande de ne pas les retirer. «On demande aux gens qui ont étanchéisé leur maison de ne pas enlever les sacs, dit Yvon Leroux, directeur de la sécurité publique en Montérégie. Mais la tendance à long terme montre qu'on ne devrait pas dépasser les niveaux atteints il y a une semaine. C'est la bonne nouvelle.»