Les fortes pluies annoncées ce week-end repoussent le retour à la maison de centaines de sinistrés de la Montérégie. Mais les municipalités planifient tout de même la réintégration par leurs habitants des 1000 résidences évacuées jusqu'à maintenant. Depuis hier, six équipes d'inspecteurs de la Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu se rendent dans les maisons inondées pour analyser l'état des structures. Mais certains sinistrés estiment qu'ils n'obtiennent que très peu de réponses à leurs questions.

Hier après-midi, les inspecteurs Daniel Blais etJulie Bourdon se sont rendus chez Yves Parenteau, rue Saint-Maurice. «Le sous-sol est plein et j'ai eu deux pouces d'eau au rez-de-chaussée», dit M. Parenteau.

Dans la maison, on remarque que les planchers sont fortement gondolés. Les inspecteurs exigent que seulement trois personnes à la fois se trouvent dans la maison, car la solidité du plancher est incertaine. «Tout trempe dans l'eau depuis un mois. Je suis sûr que ma maison est finie», souffle M. Parenteau.

Sculpteur de profession, il habite cette maison depuis 1984. Il n'a jamais été inondé. Mais les fortes crues de cette année l'on obligé à quitter son domicile il y a une semaine.

L'équipe d'inspecteurs fait rapidement le tour de la petite maison. Ils indiquent à M. Parenteau qu'un rapport sera rédigé et que d'autres spécialistes reviendront «dans les prochaines semaines» pour lui dire quoi faire. M. Parenteau est furieux. «Je veux savoir si je vais pouvoir revenir quand l'eau va se retirer. Si c'est assez salubre pour que je reste ici. Je veux savoir si ma maison est une perte totale. Si c'est le cas, je vais me chercher un appartement tout de suite. Mais là, je ne sais rien, déplore-t-il. On me laisse dans l'insécurité.»

L'inspecteur Blais reste calme. «Je comprends votre désarroi. On doit attendre que l'eau baisse pour décider ce qu'on fait», dit-il. «Mais ça va prendre encore des semaines!» crie M. Parenteau. Il raccompagne les inspecteurs dehors. Dans sa cour remplie d'eau, il discute avec eux. Puis il éclate en sanglots. «Vous n'avez pas idée de ce que je vis. Ça fait 20 ans que je mets ça beau ici...» M. Parenteau s'effondre dans les escaliers.

Plusieurs maisons à visiter

Plus les jours passent, plus les inspecteurs s'attendent à rencontrer des citoyens excédés. «On commence par les maisons les moins inondées. Mais plus ça ira, et plus on fera des cas graves. Donc, on va avoir de plus en plus de réactions comme ça. On comprend. Tout ça n'est pas évident pour le moral des citoyens», dit M. Blais.

La tâche est colossale. À Saint-Jean-sur-Richelieu seulement, 800 maisons ont été gravement inondées. «Ça va nous prendre des mois pour tout faire», reconnaît Luc Castonguay, responsable des inspections.

Dans toute la Montérégie, 3000 résidences sont touchées. Les municipalités organisent des réunions où l'on explique les modalités de la réintégration. «On remet une trousse aux citoyens avec tous les détails», explique le directeur régional de la Sécurité civile en Montérégie, Yvan Leroux.