Rencontré hier matin à Venise-en-Québec devant le camping Kirkland, dont il est copropriétaire, René Baertschi parvenait tout juste à retenir ses larmes à la vue de son terrain englouti. Les inondations ont gravement endommagé les terrains de camping le long de la rivière Richelieu. Ces commerces, qui attirent des milliers de touristes chaque été, doivent revivre rapidement sous peine de menacer la survie de certaines municipalités, craignent des riverains.

L'an dernier, le camping Kirkland a ouvert le 30 mars. Mais cette année, la crue historique des eaux du lac Champlain a tout saccagé. «Ça fait 26 ans que j'ai ce camping-là. C'était mon bébé, souffle M. Baertschi. C'est une catastrophe.»

Les propriétaires de terrain de camping ont reçu très peu d'aide jusqu'à maintenant. «La priorité est allée aux résidences privées et on comprend. Mais on a demandé des sacs de sable il y a trois jours, et on n'a toujours rien reçu», a déploré la femme de M. Baertschi, Christa, hier matin. Même son de cloche du côté du camping Domaine Florent, non loin de là. «On est oubliés du monde!», a dit le propriétaire, André Florent.

Des soldats des Forces canadiennes ont finalement livré des milliers de sacs de sable en fin d'après-midi hier, au grand soulagement des Baertschi. Mais il reste encore beaucoup de travail. Au camping Kirkland, on aimerait ériger des digues sur des portions plus basses du terrain pour pouvoir pomper l'eau et procéder au nettoyage plus rapidement.

Le maire de Venise-en-Québec, Jacques Landry, explique que le camping Kirkland est déjà endigué et que le ministère de l'Environnement ne permet pas l'érection de digues supplémentaires au bord de l'eau. Une permission spéciale doit être demandée.

Saison reportée

Même si beaucoup d'efforts seront faits dès maintenant pour permettre l'ouverture rapide des terrains de camping, la saison estivale sera écourtée. Et plusieurs personnes dont la roulotte est devenue inutilisable risquent de ne pas revenir dans la région. «Mes pensées vont vers mes clients qui ont économisé toute leur vie pour avoir une roulotte et un coin de paradis, a dit Mme Baertschi. On espère qu'ils vont se relever.»

Si l'industrie touristique s'affaisse, c'est toute la municipalité de Venise-en-Québec qui en souffrira puisque les vacanciers assurent la survie des commerces, explique le maire Landry.

Chaque été, Michel et Lucie Venne passent au moins un mois au camping Kirkland. Cette année, leurs plans ont été perturbés. «Mais on va quand même venir plus tôt et on va aider à nettoyer. On va aussi devoir s'occuper de notre roulotte», a noté M. Venne. Comme plusieurs de leurs voisins, les Venne dépensent chaque été environ 5000$ dans la région. «On achète de l'essence, on fait l'épicerie, on mange dans les restaurants. Il y a quatre campings à Venise. S'ils n'ouvrent pas, la ville va en souffrir», dit M. Venne.

Même s'il reconnaît que beaucoup de travail reste à faire, le maire Landry se veut rassurant. «Les gens des campings sont forts. Ils vont se relever. Tout le monde va mettre la main à la pâte et on va nettoyer la ville rapidement. La saison estivale ne sera pas trop hypothéquée», dit-il.

«Ce qui nous encourage, c'est que nos clients nous aident beaucoup», dit Mme Baertschi. En fin de journée, M. Baertschi commençait aussi à voir la lumière au bout du tunnel: «Maintenant qu'on a nos sacs, on va pouvoir travailler et tenter de servir nos clients le plus vite possible. Il le faut.»