Elle n'a que 35 ans et gère un projet de 500 millions de dollars. Lorsque le nouveau TGV Madrid-Valence foncera à 330 km/h sur cette ligne inaugurée en décembre prochain, ce sera en partie grâce à elle. Établie à Zurich, en Suisse, chef de projet au sein de la division des locomotives chez Bombardier Transport, Isabelle Balmir coordonne la réalisation de locomotives pour des trains à haute vitesse desservant l'Espagne.

Isabelle Balmir a toujours été intriguée par ce qui se trouvait au-delà de nos frontières. Elle rêvait de travailler à l'international depuis son enfance. On peut dire qu'elle a réalisé son rêve. Aujourd'hui, elle gère la construction des 92 locomotives pour 46 trains destinés à desservir deux lignes de TGV en Espagne. Seize trains pour la ligne Madrid-Malaga, qui fonctionne depuis trois ans, et trente trains sur la nouvelle ligne Madrid-Valence. Un projet de 370 millions d'euros, soit environ 508 millions de dollars canadiens.

Il s'agit d'un défi qui demande beaucoup d'organisation! Au jour le jour, elle doit s'assurer que les objectifs sont atteints pour que les locomotives soient livrées à temps.

«Ma tâche est surtout de focaliser l'énergie de toute l'équipe et de garder tout le monde motivé pour atteindre les résultats, tous ensemble», dit Isabelle Balmir.

D'autant plus que si la gestion du projet se fait à partir de la Suisse, les trains, eux, sont fabriqués en Allemagne et en Espagne.

«Il faut rester à l'affut de tout ce qui se passe, avoir l'impression d'être partout, ajoute la jeune femme. Je dois être capable de résoudre des problèmes au quotidien en trouvant avec mon équipe des solutions créatives et satisfaisantes pour tous les intervenants.»

Le tout, en conciliant ces responsabilités avec sa vie de mère d'un petit garçon de 6 ans, avec un conjoint qui travaille dans une autre ville!

Du concret

Au quotidien, une des grandes motivations d'Isabelle Balmir est de travailler sur un produit qu'elle peut voir de ses yeux. Elle peut même monter à bord!

«Quand nos locomotives sortent de l'usine, on est fiers. Et la première fois que l'on monte dans un train qui roule à plus de 300 km/h, c'est vraiment impressionnant, dit-elle. Ce qui m'a attirée dans le monde du transport, c'est le fait que ce sont des produits tangibles. C'est quelque chose que l'on voit réellement, contrairement à un travail de consultant, par exemple. Je trouve cet aspect de mon travail génial.»

Elle raconte que, comme bien d'autres employés de Bombardier, elle ne manque jamais de passer des remarques lorsqu'elle voit l'un de leurs trains passer. «Nos conjoints sont fatigués de nous entendre répéter qu'ils sont beaux!» ajoute-t-elle en riant.

De plus, elle a l'impression de travailler pour une bonne cause. «Le train, c'est un produit noble, dit-elle. Ça reste l'avenir du déplacement dans nos villes et entre les villes, et ça contribue au développement durable. Quand on voit l'impact positif de nos produits, ça donne envie de continuer.»

En tant que chef de projet, elle apprécie aussi beaucoup le fait d'avoir une vue d'ensemble de toutes les étapes de réalisation, des achats de matériaux à la mise en service. «Je vois tout, du jour où l'on obtient le contrat, jusqu'au jour où on le finit, dit-elle. J'ai l'impression de participer à la création de quelque chose du début à la fin, tout en ayant la chance de travailler avec beaucoup de gens intéressants.»

De Notre-Dame-de-Grâce à Zurich

Originaire de Montréal, Isabelle Balmir a grandi dans Notre-Dame-de-Grâce au sein d'une famille de trois enfants. Sa mère est québécoise de souche et son père, d'origine haïtienne. Diplômée des HEC en marketing et gestion internationale, elle travaille chez Bombardier depuis 2004.

Avant d'en arriver où elle est, la jeune femme a vu du pays. Elle avait 24 ans lorsqu'elle a quitté le Québec pour la première fois afin de faire un stage au Mexique pour Bombardier. Elle a ensuite travaillé dans ce pays pour une autre entreprise, puis au Texas, en Arizona et en France.

«Je n'ai jamais laissé tomber mon rêve et je me suis jamais arrêtée aux obstacles. Je n'ai jamais accepté que l'on me dise que quelque chose était impossible», dit-elle.