Dans un pays au passé tragique, Jeanne Mangani tente de rendre le présent meilleur en donnant accès aux habitants à une ressource vitale: l'eau potable. Établie en République démocratique du Congo depuis un an, elle s'occupe de projets d'assainissement qui touchent une centaine de villages et améliorent la vie de 67 000 personnes.

Quand Jeanne Mangani est partie vivre en République démocratique du Congo, elle avait un but en tête: aider. Dans ce pays qui a connu la dictature et la guerre, le manque d'eau potable et l'hygiène déficiente sont la cause de nombreuses maladies, et ce, dans un contexte de pauvreté extrême.

La jeune chargée de projet pour Oxfam-Québec gère de A à Z la mise en oeuvre du programme «Villages assainis» dans le district de Bunia. L'objectif du programme est de donner accès à l'eau potable à au moins 80% des populations visées, et d'inculquer des notions d'hygiène de base aux habitants des villages.

Mme Mangani supervise des équipes de sensibilisation et de personnel technique, et veille à la logistique et aux finances des projets. Beaucoup de travail! Mais rien ne la motive plus que de constater que ses efforts portent leurs fruits.

«Dans le domaine de l'assainissement, les impacts sont immédiats, dit-elle. Quand on donne accès à l'eau potable, les répercussions se font sentir rapidement sur le nombre de cas de maladies, en particulier chez les enfants. En moins de six mois, on peut déjà voir une baisse flagrante de la mortalité.»

Vivre en RDC

Aider ce pays à se développer est un but qui anime la jeune femme de 31 ans. «La République démocratique du Congo a énormément de potentiel, dit-elle. Il y a de l'eau en abondance, qu'il suffit d'aller chercher dans les nappes phréatiques. Il y a aussi des ressources minières, des arbres et des richesses naturelles. Bref, ce pays a tout ce qu'il faut pour devenir un des leaders de l'Afrique. Mais pour en arriver là, il faut travailler! On doit tailler ce diamant brut.»

Il reste que la vie en RDC n'est pas facile. Après des années de violence, une grande partie de la population est complètement démunie. Bien que la guerre soit terminée, des actions de milices continuent d'occasionner des déplacements de population. Une mission des Nations unies, la MONUSCO, est encore sur place pour assurer la protection des civils et aider à stabiliser le pays.

«Actuellement, c'est relativement sécuritaire dans la ville où je me trouve, mais il faut quand même apprendre à vivre sous la protection de barbelés et de gardiens, explique la coopérante. La liberté de mouvement est limitée. Je ne me suis jamais sentie menacée, mais il faut s'habituer aux contraintes physiques que cette vie impose.»

S'engager

Jeanne est une néo-Québécoise. Née en France, elle a émigré au Québec il y a 10 ans et obtenu sa citoyenneté canadienne. Après avoir obtenu une maîtrise en sciences de l'environnement à l'UQAM, elle a eu envie de s'engager.

Elle a occupé divers postes administratifs au sein d'Oxfam-Québec avant de tenter ses premières expériences en coopération internationale, notamment au Nicaragua. L'essai a été concluant: elle voulait aller plus loin.

«J'ai choisi la République démocratique du Congo après avoir discuté avec un collègue qui avait travaillé ici un an avant moi, dit-elle. Il m'avait parlé de son expérience avec tellement de passion et d'étincelles dans les yeux que je me suis sentie rapidement accrochée.»

Et elle n'a pas été déçue. L'assainissement de l'eau permet vraiment d'améliorer les conditions de vie des gens, constate la jeune femme. Mais ils doivent aussi s'impliquer.

«Au début, quand on arrive, les gens savent que l'on est ici pour les aider, mais ils sont habitués à l'aide humanitaire, dit-elle. Certains s'attendent à ce qu'on leur donne tout facilement. Mais lorsqu'ils comprennent que leur participation est nécessaire, ils apprécient encore plus les résultats.»

Quoi qu'il en soit, elle compte continuer à travailler en Afrique après ce mandat, qui doit durer encore sept ou huit mois.

«Je suis ici pour être utile, dit-elle. Lorsque je vois que cela donne de bons résultats, ça me donne envie de continuer.»