Depuis 10 ans, Alan Quinn, livre jour après jour un combat contre la violence dans un pays qui compose avec la pauvreté et les séquelles d'une longue guerre civile : le Salvador. Coopérant pour le Centre d'études et de coopération internationale (CECI), il dirige un programme communautaire de prévention de la violence et de la délinquance juvénile implanté dans 12 villes du pays.

«La violence est alarmante, au Salvador, dit Alan Quinn. On recense 10 ou 12 meurtres par jour dans une population de 6 millions d'habitants. Il y a beaucoup de violence conjugale et familiale, de criminalité et d'insécurité, au point où le gouvernement ne suffit pas à la tâche. Tout cela nuit sérieusement au développement économique du pays.»

Cette violence omniprésente prend notamment sa source dans la pauvreté et dans l'importante disparité des revenus de la population. Le pays est aux prises avec le décrochage scolaire et la drogue ; les armes à feu sont trop faciles à trouver et les gangs armés, ou maras, sont un véritable fléau.

Pour venir à bout de tous ces maux, il faut travailler sur plusieurs fronts, explique Alan Quinn.

«Nous avons plusieurs programmes d'éducation et d'activités communautaires, culturelles ou sportives, de l'initiation à l'entrepreneuriat ou aux métiers pour les jeunes, dit-il. En même temps, on essaie d'améliorer les infrastructures, par exemple en éclairant mieux les quartiers ou en restaurant des parcs. En parallèle, on met sur pied des programmes de prévention du crime avec les municipalités, les écoles et la police. Une étude a démontré, chiffres à l'appui, que notre méthode a un effet positif.»

Mais pour en arriver là, il a fallu beaucoup de travail. Tout a commencé il y a 10 ans. «Je suis arrivé au Salvador en 2001 pour mettre en place un projet-pilote de prévention de la délinquance dans trois villes avec un petit financement de l'ACDI», raconte Alan Quinn.

Il ne s'attendait pas, alors, à ce que l'adversité s'acharne encore sur son pays d'adoption!

«Pendant ces 10 années, nous avons eu trois désastres naturels ! D'abord des tremblements de terre, en 2001, l'ouragan Stan en 2006 et l'ouragan Ida en 2009. J'ai donc aussi travaillé à l'aide aux victimes et à des projets de reconstruction en même temps.»

Aujourd'hui, la méthode qu'il a implantée avec son équipe a fait ses preuves. Le programme, maintenant financé par USAID à hauteur de 10 millions, est en train d'essaimer.

«La formule est reproduite depuis quelques mois au Guatemala à plus grande échelle, avec un projet de 26 millions. On va y reprendre les meilleurs pratiques mises au point ici», dit-il.

De Limoilou à San Salvador

Né dans le quartier Limoilou, dans la Basse-Ville de Québec, de père anglophone et de mère francophone, Alan Quinn était destiné à voir du pays. Et il en a vu!

En 1989, après ses études en communications à l'Université Concordia, il a participé à la première Course des Amériques, une émission bien connue de Radio-Canada. C'est pendant ce périple qu'il est tombé amoureux de l'Amérique latine.

Il l'a d'ailleurs tellement aimée qu'il a épousé une Salvadorienne, Roxana Carranza, qu'il a rencontrée au Canada. Ils ont vécu au Pérou, au Canada, au Guatemala et au Salvador. Leurs trois garçons sont âgés de 18, 16 et 4 ans.

«Après la Course des Amériques, j'ai compris que je voulais participer au développement de ces pays, raconte-t-il. Les gens ici sont chaleureux et authentiques, et les Salvadoriens sont un peuple très travailleur. J'ai voulu faire du travail humanitaire parce que cela me permet de changer la vie de ces personnes et d'améliorer leur condition.»

Même s'il a dû faire face à beaucoup de difficultés sur son chemin, Alan Quinn persévère et compte demeurer au Salvador encore deux ans.

«Ce qui me pousse à continuer, c'est que nous sommes ici dans une société en construction. Il y a plein de choses à faire et j'ai le sentiment d'être utile, d'apprendre, de contribuer au développement du pays. Il y a ici un éventail de contacts humains et d'expériences vraiment extraordinaire.»