Aux audiences du coroner sur l'incendie tragique de L'Isle-Verte, qui a fait 32 morts en janvier dernier, le copropriétaire de la résidence pour personnes âgées, Roch Bernier, a concédé que d'avoir un seul employé en poste cette nuit-là, qui n'avait jamais participé à un exercice d'évacuation, n'était pas suffisant.

M. Bernier a admis ne pas avoir obligé son employé Bruno Bélanger, en poste la nuit du drame, à participer à un exercice d'évacuation. L'autre employé de nuit n'avait pas non plus pris part aux pratiques d'évacuation.

De plus, le plan d'urgence de la résidence prévoit que l'une des premières étapes en cas d'incendie est l'évacuation des résidants. Or, le préposé de nuit Bruno Bélanger est d'abord allé réveiller l'autre copropriétaire, Irène Plante, bien que cela ne soit pas prévu.

M. Bernier a justifié cette décision en indiquant que l'évacuation pouvait se faire plus facilement et plus efficacement à deux.

La procureure du coroner, Marie Cossette, a souligné qu'il avait ainsi perdu de précieuses minutes qui auraient pu servir à sortir des gens de la résidence avant qu'elle ne s'embrase.

Elle a ensuite demandé à M. Bernier si le préposé n'aurait pas pu téléphoner à Mme Plante pour la réveiller au lieu de se déplacer. Celui-ci a admis qu'il avait effectivement un téléphone à cet effet.

Mercredi matin, une femme a témoigné qu'elle s'est fait offrir un poste de préposée de nuit à la résidence du Havre à un salaire de 2 $ de l'heure et s'est fait dire qu'elle pouvait dormir durant son quart de travail.

Guylaine Larivée a témoigné mercredi matin alors que l'enquête publique recommençait mercredi matin au Palais de justice de Rivière-du-Loup.

Elle avait postulé pour l'emploi de préposée de nuit et a témoigné que le propriétaire Roch Bernier lui a justifié ce taux horaire de 2$ de l'heure en lui expliquant que la tâche n'était pas si lourde et qu'elle pouvait dormir pendant le travail. Elle dit avoir refusé le poste.

Le témoignage de Bruno Bélanger qui était de garde lors de la nuit du drame est aussi fort attendu.

Le coroner Cyrille Delâge a déjà entendu des dizaines de témoins lors des six jours précédents d'audiences.

Le processus d'enquête va se conclure avec les experts de la Sûreté du Québec qui vont analyser toute la preuve et tenter de faire la lumière sur ce qui s'est produit cette nuit-là.

Lors des jours précédents, il a été relaté que des portes de la Résidence du Havre étaient barrées de l'intérieur, empêchant les résidants de sortir, et que le chef pompier a attendu d'être sur les lieux du brasier avant de demander des renforts, même s'il savait que les gens étaient coincés à l'intérieur. La formation et l'intervention des pompiers ont été remises en question.

Cette enquête publique a pour objectif d'éclaircir les causes et les circonstances des 32 décès consécutifs à l'incendie et de formuler, s'il y a lieu, des recommandations pour que pareille tragédie ne se reproduise pas.

Les audiences doivent se terminer au plus tard jeudi.