L'entrepreneur qui a construit la Résidence du Havre à L'Isle-Verte a confirmé que le bâtiment n'était pas conforme aux normes de la Régie du bâtiment au moment de l'incendie, en janvier dernier.

Denis Michaud a témoigné mercredi matin à l'enquête du coroner Cyrille Delage sur l'incendie qui a fait 32 morts.

Il a indiqué qu'au rez-de-chaussée, le couloir ainsi que les trois chambres et la pharmacie n'étaient pas munis de séparateurs coupe-feu, parce qu'il avait conçu le bâtiment conformément aux règles pour un immeuble à appartements.

Or, plus tôt cette semaine, une représentante de la Régie du bâtiment avait indiqué que si des personnes âgées non autonomes logeaient au rez-de-chaussée, il aurait dû y avoir des séparateurs coupe-feu pour que l'immeuble soit conforme.

Il a été confirmé que trois personnes âgées non autonomes se trouvaient au rez-de-chaussée lors de l'incendie.

Par ailleurs, les indications du système d'alarme ont été analysées car elles pourraient donner des indices sur le début de l'incendie.

André Beaulieu, de l'entreprise qui s'occupait de ces équipements à la résidence, a décortiqué pour l'enquête le fonctionnement du système et les appels acheminés.

À 0 h 24, la tirette d'alarme a été actionnée à la chambre 102, au rez-de-chaussée, occupée par Audette Dubé-Grandmaison, deux minutes après la première alarme.

Par la suite, de 0 h 27 à 0 h 28, une avalanche de tirettes ont été activées. M. Beaulieu était d'avis qu'il n'était «pas possible que toutes les tirettes aient été tirées en même temps, quelque chose est passé au feu», et estimait plutôt que la couette regroupant tous les câbles avait probablement fondu et déclenché une série de signaux, dans le couloir, près de la chambre électrique et de la chambre 102.

Par la suite, il s'est ravisé et a indiqué qu'il était aussi «plausible» que plusieurs chambres aient pu appeler à l'aide en même temps.

Un autre appel a attiré l'attention de l'avocate du bureau du coroner, Marie Cossette. À 0 h 30, la tirette a été activée dans une salle de bain pour handicapés, reliée par une liaison sans fil. L'avocate a fait remarquer qu'il est peu probable que quelqu'un utilisait cette salle de bain à ce moment, et qu'elle était peut-être toutefois proche d'une source de chaleur qui aurait enclenché le signal.

Sur le plan, deux salles de bain apparaissent au rez-de-chaussée non loin de la chambre 102, de la cuisine et de la chambre électrique.

Enfin, l'ex-contremaître de la municipalité de L'Isle-Verte, Bernard Tanguay, est venu assurer que jamais les pompiers n'ont manqué d'eau lors de leur intervention dans la nuit du 23 janvier.

Il a expliqué qu'il est intervenu rapidement pour maintenir l'approvisionnement en eau. Muni d'un tableau, il a montré que le niveau du château d'eau de 300 000 gallons US avait baissé dramatiquement pendant les heures critiques, mais qu'il restait encore de l'eau. Toutefois, la pression était inférieure, du simple fait qu'il y avait moins d'eau dans le réservoir.