Le chef du NPD, Jack Layton, presse le premier ministre Stephen Harper de le rencontrer pour tenter de trouver une solution à la grogne qu'ont suscitée les changements à la méthode de recensement.

En conférence de presse, hier, M. Layton s'est dit prêt à discuter d'un compromis, qui pourrait inclure l'abandon du pouvoir du gouvernement d'emprisonner les Canadiens qui refusent de répondre aux questions, afin que l'on puisse rétablir le formulaire long obligatoire pour 2011.

 

«M. Harper est absent de cette débâcle qu'est le dossier du recensement depuis trop longtemps. Il est temps qu'il entre en jeu. Il doit démontrer du leadership», a-t-il déclaré.

Il y a un mois, le gouvernement Harper a aboli le caractère obligatoire du formulaire détaillé, qu'il a par ailleurs considérablement écourté.

Plusieurs provinces, municipalités, chercheurs, partis politiques, groupes religieux et sociaux se sont élevés contre cette décision qui, craignent-ils, mettra en péril la fiabilité des données recueillies, particulièrement par rapport à certaines portions plus vulnérables de la société canadienne.

Le bureau du premier ministre n'a pas voulu répondre directement à l'invitation. «M. Layton a énoncé sa position», s'est borné à répéter l'attaché de presse de M. Harper, Andrew McDougall.

«Nous sommes heureux que M. Layton ait réalisé que d'emprisonner les Canadiens qui refusent de répondre à ces questions personnelles et indiscrètes est absurde et mal», a-t-il ajouté.

Le leader du NPD n'est pas le premier à exhorter le gouvernement à trouver une solution pour résoudre cette crise. Le Conseil national de la statistique, groupe de 40 experts nommés par le gouvernement pour conseiller le statisticien en chef du Canada, avait proposé en début de semaine une solution qui incluait elle aussi l'abandon de la peine de prison.

Le Conseil a également recommandé de rétablir le formulaire long obligatoire pour 2011 et de faire un examen exhaustif de toutes les questions pour le recensement de 2016, afin d'en évaluer la nécessité.

Jack Layton s'est dit d'accord avec ces pistes de solution, hier, qu'il a qualifiées d'utiles. «Mais on commence à manquer de temps. Et une solution doit être trouvée pour produire le formulaire du recensement à temps, d'une manière appropriée», a-t-il déclaré.

À noter que le bureau du ministre de l'Industrie, Tony Clement, a communiqué mercredi avec le président du Conseil de la statistique, Ian McKinnon, afin d'obtenir la documentation concernant ses recommandations.

L'ouverture qu'a démontrée hier Jack Layton rejoint en substance les propos qu'ont tenus les deux autres partis de l'opposition, mardi, au terme de la réunion du comité permanent de l'Industrie, qui avait étudié le dossier toute la journée.

«Nous sommes prêts à étudier très sérieusement la question de l'emprisonnement, des pénalités, des sanctions. Mais nous voulons le maintien du formulaire détaillé obligatoire», avait déclaré Robert Bouchard, porte-parole du Bloc québécois dans ce dossier, lors d'un entretien téléphonique avec La Presse.

«Nous serions prêts à entrer en discussion avec le Parti conservateur s'il fait preuve de bonne foi et s'il veut consulter les autres partis», avait pour sa part indiqué le député libéral Marc Garneau.

Personne n'a jamais été emprisonné pour avoir refusé de répondre aux questions du recensement.