«Si tu soumissionnes, on te fait sauter.»

C'est en ces termes qu'on aurait «incité» Jean Dumas, entrepreneur de Saint-Hyacinthe, à ne pas soumissionner pour les travaux de «modernisation et [de] mise à niveau de l'usine de filtration Rive-Est lot 2» de Saint-Jean-sur-Richelieu. Il s'agissait d'un contrat de 8 millions de dollars, alors que le chiffre d'affaires de M. Dumas oscille entre 15 et 20 millions.

Selon les mandats d'arrêt qui ont permis à l'escouade Marteau d'arrêter 11 personnes hier, l'entreprise Civbec, ses dirigeants Pasquale Fedele et Jacques Lavoie et «d'autres personnes inconnues» sont accusés d'avoir menacé M. Dumas.

«C'était un jeudi ou un vendredi. Le téléphone a sonné, et on m'a menacé.»

M. Dumas n'a pas soumissionné au projet. Pour des raisons personnelles, dit-il, et non à cause des menaces.

«Ça m'a déstabilisé. [...] Je n'avais jamais été menacé. Je ne soumissionne jamais à Montréal ou à Laval. Ici, en région, il y a de l'ouvrage pour tout le monde», indique-t-il.

Quatre entreprises, dont Civbec, sont accusées d'avoir comploté pour truquer cet appel d'offres. Avant la date des soumissions, M. Dumas dit avoir vainement proposé à Civbec de lui servir de sous-traitant pour la portion génie civil des travaux de l'usine.

Mais il dit ne pouvoir faire de lien entre Civbec et les menaces.

«Je ne peux pas dire qui m'a appelé», affirme M. Dumas, qui a hâte de voir la preuve amassée par la police à ce sujet.