Deux entrepreneurs accusés d'avoir versé des pots-de-vin à Mascouche sont toujours inscrits comme lobbyistes pour tenter d'obtenir des contrats dans 16 autres villes. Alors qu'à Montréal, l'administration Tremblay ne veut plus rien savoir d'eux, l'Association québécoise des lobbyistes invite toutes les municipalités à se pencher sur la question au plus vite.

Normand Trudel et Sylvie Chassé, deux dirigeants de Transport et Excavation Mascouche et de Modules Jeutem, ont été arrêtés mardi dernier par l'escouade Marteau, bras armé de l'Unité permanente anticorruption. Ils sont notamment accusés d'avoir versé des pots-de-vin au maire Richard Marcotte en échange de contrats municipaux.

Tous deux figurent au Registre des lobbyistes du Québec depuis décembre 2011. Ils ont le mandat de faire des représentations pour leur entreprise «auprès de toutes les municipalités du Québec». Ils citent en particulier 17 municipalités, dont Mascouche, Terrebonne, Montréal, Laval, Longueuil, Saint-Jérôme et Repentigny.

Égouts, déneigement, réseaux d'eau

Leur but est d'intervenir auprès des titulaires de charges publiques dans le but d'obtenir des contrats relatifs au mobilier urbain, aux équipements de parcs, aux égouts, aux réseaux d'eau, à l'aménagement paysager et au déneigement.

Pour le moment, la porte-parole du Commissaire au lobbyisme, Louise-Andrée Moisan, affirme que son organisme n'a pas l'intention de se mêler du dossier.

Mais l'Association québécoise des lobbyistes, un regroupement de professionnels qui se fait le chien de garde de l'éthique en la matière, croit que des vérifications s'imposent.

«C'est certainement préoccupant. Ça ne veut pas dire que les gens utilisent les mêmes techniques partout. Mais à partir du moment où on constate une situation quelque part, des vérifications diligentes sont de mise dans les autres endroits», affirme le président, Étienne Couture.

Sans vouloir commenter le cas particulier de Normand Trudel et de Sylvie Chassé, il affirme que des lobbyistes qui verseraient des pots-de-vin feraient mal à l'image de la profession.

«Quelqu'un qui ne respecte pas les lois ne va faire un bon profil à personne», dit-il.

Montréal ne veut plus les voir

Premier à réagir, le cabinet du maire de Montréal a indiqué à La Presse hier que le comité exécutif ne souhaite pas voir des accusés tourner autour de ses élus et de ses fonctionnaires.

«On n'est pas obligés de faire affaire avec les gens qui sont accusés», martèle la porte-parole Martine Painchaud.

«Dans une perspective où nous ne voulons pas faire affaire avec ces gens, qui sont innocents jusqu'à preuve du contraire, nous avons demandé un avis au contentieux pour comprendre les implications juridiques de cette décision politique», dit-elle.

De son côté, le cabinet de la mairesse de Longueuil, Caroline St-Hilaire, s'est contenté de préciser que les deux entrepreneurs n'ont reçu aucun contrat au cours des dernières années. À Terrebonne, le porte-parole de la Ville refuse de commenter le dossier. À Laval, la direction des communications devait valider certains renseignements avant de répondre.

Avec la collaboration de William Leclerc