En plus de boycotter le comité qui définira la fin du placement syndical, la FTQ-Construction menace maintenant de ne pas participer au système de référence de la Commission de la construction du Québec (CCQ). «Si la ministre continue comme ça, on ne demandera pas de licence de référence», a affirmé en interview téléphonique Yves Ouellet, directeur général de la FTQ-Construction. Il demande même au premier ministre Charest de «rappeler à l'ordre» sa ministre du Travail, Lise Thériault, qu'il accuse, entre autres, d'inciter au maraudage.

M. Ouellet menace déjà de ne pas demander de permis de référence. Mais on ne sait pas ce que cela implique, car le nouveau système de référence n'est pas encore établi. «C'est le comité de transition qui en déterminera les modalités», a rappelé la ministre.

Ce comité consultatif doit terminer ses travaux d'ici la fin de l'année. Il permettra d'appliquer la loi 33, adoptée à l'unanimité en décembre dernier et qui met fin au placement syndical en construction. Selon le principe, les employeurs devront désormais signaler leurs besoins de main-d'oeuvre à la CCQ. Les membres des syndicats, eux, ne pourraient plus se référer directement aux entrepreneurs et soumettraient leurs listes de membres à la CCQ. Pour ce faire, il faudrait qu'ils obtiennent un permis de référence. «Le comité va déterminer plus précisément comment les parties pourront communiquer», explique Mme Thériault.

Avec la fin du placement, la ministre souhaite mettre fin à «l'intimidation» qui sévirait, selon elle, sur les chantiers. La FTQ-Construction et le Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (International) représentent près des trois quarts des travailleurs du milieu. Ce sont d'ailleurs les seuls syndicats qui boudent le comité de transition, composé de représentants syndicaux et patronaux.

Jeudi matin, en conférence de presse, M. Ouellet n'a pas nié que la FTQ-Construction puisse tenter d'envoyer directement ses listes de membres aux entrepreneurs. Il a simplement qualifié ces informations de «rumeurs».

«Urgence» de parler de santé et sécurité, dit la CSN

M. Ouellet indique qu'il concentre maintenant ses énergies à protéger «la santé et la sécurité» des travailleurs. Une préoccupation que partage la CSN.

Mme Thériault doit déposer en février la réforme de la Loi sur la santé et la sécurité du travail, qui date de 30 ans. Comme la FTQ, la CSN demande qu'on promulgue une disposition peu appliquée de la loi. «Il faut qu'on ait des agents de prévention sur tous les chantiers. Et ces agents ne doivent pas être payés par les entrepreneurs», dit le vice-président de la CSN, Jean Lacharité.

Cela ne figurait pas parmi les recommandations consensuelles du conseil d'administration de la CSST, composé de membres syndicaux et patronaux. «Il y a urgence» que les deux partis en discutent maintenant, lance M. Lacharité. Il espère ainsi influencer Mme Thériault, qui termine l'écriture de son projet de loi.

Selon nos informations, Mme Thériault songe à sanctionner plus sévèrement les entrepreneurs négligents avec sa réforme de la loi. Elle pourrait même suspendre leur licence. Cependant, elle n'a pas voulu faire de commentaire. «Soyez patients, le projet de loi sera déposé bientôt», a-t-elle simplement dit. La CSN et la FTQ y seraient favorables, tout en insistant sur le fait qu'il faut avant tout miser sur la prévention.