Après une rencontre avec la ministre du Travail Lise Thériault, vendredi, la FTQ-Construction et le Conseil québécois des métiers de la construction (International) maintiennent leur refus de participer au comité de transition sur le placement de la main-d'oeuvre. Ce comité commencera ses travaux dans la semaine du 29 janvier, malgré le boycottage, a fait savoir la ministre.

Le directeur général de la FTQ-Construction, Yves Ouellet, a affirmé à La Presse qu'il n'a «pas confiance au gouvernement». «On a déjà déposé nos demandes en commission parlementaire l'automne dernier et on ne nous a pas écoutés. Et là, ils nous disent: Faites-nous confiance avec ce comité-là? Voyons donc!», a-t-il lancé peu de temps après la rencontre.

Au cabinet de la ministre Thériault, on réplique qu'elle a répondu favorablement à une demande exprimée par le président de la FTQ lui-même, Michel Arsenault. Elle a en effet assuré à M. Ouellet que les employeurs ne seront pas anonymes dans le nouveau système de référence.

Mais Yves Ouellet trouve inacceptable que son syndicat et l'International n'aient qu'un siège chacun au comité alors qu'ils représentent 70% de la main-d'oeuvre. Le comité sera composé de 11 membres (6 provenant du patronat et 5 des syndicats).

«C'est dommage, le boycottage, mais nous, il faut avancer, a affirmé l'attaché de presse de Mme Thériault, Charles Robert. Le comité va commencer ses travaux.»

Rappelons que la loi 33, adoptée à l'unanimité en décembre, abolit le placement syndical, ce à quoi s'opposent farouchement la FTQ-Construction et l'International. La Commission de la construction du Québec gérera un nouveau système de référence à compter de décembre 2012 au plus tard. Le comité de transition a le mandat de soumettre à la ministre des recommandations sur les modalités du nouveau système.

Ce n'est pas seulement la FTQ qui en avait contre Lise Thériault, vendredi. L'ADQ lui a reproché d'avoir fait adopter en décembre une loi inefficace pour contrer les entrepreneurs frauduleux. Une société liée à Tony Accurso échappe toujours aux sanctions, a déploré la députée Sylvie Roy.

Jeudi, la Régie du bâtiment a décidé de suspendre les licences de Simard-Beaudry Construction inc. et Constructions Louisbourg ltée pour quatre et cinq mois. Elle menait une enquête sur ces deux entreprises liées à Tony Accurso depuis qu'elles s'étaient déclarées coupables d'une fraude fiscale de 4 millions de dollars le 7 décembre 2010. En vertu de la loi 35 adoptée en décembre, elles ne peuvent obtenir de contrats publics jusqu'en décembre 2015.

Ces sanctions ne touchent toutefois pas Louisbourg SBC, la société en commandite qui chapeaute la plupart des entreprises de la famille de Tony Accurso. «Ce sont les mêmes personnes qui sont derrière [ces entreprises]. C'est la même famille», a lancé Sylvie Roy. Selon elle, Louisbourg SBC ne devrait plus obtenir de contrats publics, et sa licence devrait être suspendue.

«C'est un jeu d'enfant» de contourner la loi, a-t-elle ajouté. Quand Tony Accurso «s'est su enquêté pour évasion fiscale, puis s'est reconnu coupable, il a arrêté de prendre ces compagnies-là pour soumissionner au niveau public en se disant: Je vais perdre mes contrats. Puis, il a pris sa troisième compagnie (Louisbourg SBC), qui n'était pas dans la mire de Revenu Canada, pour continuer à soumissionner puis à faire affaire. C'est tellement simple!», dit Mme Roy.

Le porte-parole de la Régie du bâtiment, Sylvain Lamothe, a affirmé que les enquêteurs n'ont constaté aucun lien entre Louisbourg SBC et les deux entreprises sanctionnées, ce qui explique qu'elle s'en sort indemne.