La chef péquiste Pauline Marois s'interroge sur les sommes qui ont pu être gaspillées au fil des ans par le gouvernement Charest dans sa volonté de réduire la taille de l'État et de confier en sous-traitance à l'entreprise privée les activités qu'il a délaissées.

Selon elle, l'annonce jeudi d'une embauche massive d'ingénieurs et de techniciens au ministère des Transports du Québec (MTQ) pour récupérer l'expertise perdue au fil des ans, tel que le recommandait le rapport Duchesneau, relève de la «pure improvisation».

De passage vendredi à Boucherville, sur la Rive-Sud de Montréal, Mme Marois a reproché au gouvernement libéral de tenter de sauver les meubles à la veille du congrès de son parti.

«Ils s'en vont en congrès; ils doivent réagir au rapport Duchesneau, a indiqué Mme Marois. (La présidente du Conseil du Trésor, Michelle Courchesne) nous dit qu'ils devraient épargner 34 millions $. Est-ce que ça veut dire qu'on a perdu 34 millions $ par année pendant tout ce temps où on n'avait personne qui avait l'expertise nécessaire au ministère des Transports pour superviser les travaux, les contrôler, en assurer la qualité?»

En fait, les économies avancées la veille par Mme Courchesne sont presque trois fois plus importantes. «Si on reprend des activités qui sont effectuées à contrat par l'externe, nous ajouterons 719 (employés) pour faire ces activités-là, pour un coût de 61 millions $, mais il y a une économie de 119 millions $», déclarait jeudi Mme Courchesne lors de la conférence de presse annonçant cette embauche au MTQ.

Mme Courchesne avait précisé que le chiffre de 34 millions $ d'économies nettes tenait aussi compte d'un ajout d'activités pour renforcer l'expertise du ministère, un coût de 24 millions $ au-delà des activités récupérées du secteur privé.

Ainsi, le coût des activités chutera de moitié du fait de le retirer au secteur privé et de le redonner au ministère.

Selon Pauline Marois, cette décision démontre l'échec de l'ensemble de la philosophie qui a guidé les libéraux de Jean Charest en matière de fonctionnement de l'État depuis son arrivée au pouvoir en 2003.

«(M. Charest) constate que le rapport Duchesneau lui dit: «ça n'a aucun sens, vous avez perdu toute votre expertise au ministère, vous devez la reconstituer'. Là, tout à coup, virage à 180 degrés, et en quelques semaines, ils trouvent des solutions alors que ça fait huit ans qu'ils sont au gouvernement et qu'ils se sont acharnés à littéralement démolir l'expertise qu'on a à l'intérieur des ministères.»

Le fédéral

Mme Marois, qui semblait presque en mode électoral en s'adressant aux convives réunis par la Chambre de commerce et d'industrie de la Rive-Sud, a profité de l'occasion pour s'en prendre aussi au gouvernement fédéral.

«À chaque tournant, le gouvernement fédéral actuellement, dans beaucoup de dossiers, se pose en obstacle pour le Québec,» a-t-elle déclaré, qualifiant de scandaleux l'échéancier de 10 ans imposé par Ottawa pour la construction d'un nouveau pont pour remplacer le pont Champlain.

Elle a aussi dénoncé la négligence d'Ottawa face à l'aéroport de Saint-Hubert, en pressant besoin de rénovations, pour finalement conclure que le gouvernement Harper a démontré son absence complète de sensibilité face au Québec en octroyant les contrats de plus de 33 milliards $ de construction navale pour la marine et la garde côtière canadiennes aux chantiers maritimes d'Halifax et de Vancouver, laissant le chantier Davie, de Lévis, en cale sèche.

«La Davie, c'est 33 milliards $, dont nous allons payer 6 milliards $ qui vont venir de nos poches; 6 milliards $, compte tenu de la contribution de nos impôts à Ottawa, qui vont aller dans ces fameux contrats, mais pas une  retombée pour le Québec.»

Mme Marois a ainsi conclu que le temps était venu pour le Québec de changer d'attitude face au gouvernement fédéral. «Le Québec doit retrouver son rapport de force face à Ottawa.»