«Bye, bye Charest!» scandaient à l'unisson les manifestants rassemblés samedi après-midi devant les bureaux montréalais du premier ministre Jean Charest. Le rassemblement visait à réclamer la tenue d'une enquête publique sur la collusion dans l'industrie de la construction, mais rapidement, c'est une grogne générale à l'endroit du gouvernement Charest qui a été exprimée.

Munis de pancartes, de trompettes et de drapeaux du Québec, ils étaient plus de 2000, selon les organisateurs, à avoir répondu à l'appel lancé sur les réseaux sociaux une semaine plus tôt par le Mouvement 24 septembre, une organisation citoyenne qu'on jure non partisane, mais qui a néanmoins obtenu l'appui de plusieurs organisations syndicales et politiciens. Aux côtés des manifestants, il était en effet difficile de rater les Bernard Drainville, Amir Khadir, Lisette Lapointe et Pierre Curzi. «Le chef de notre État refuse d'assumer les responsabilités d'un chef d'État qui sont celles de rétablir un climat de confiance dans la population», a lancé le député démissionnaire du Parti québécois, Pierre Curzi.

Sur une petite scène installée dans la rue, une dizaine d'invités du Mouvement 24 septembre ont pris la parole, entre les interventions loufoques du chef du Parti rhinocéros, François «Yo» Gourd. Un entrepreneur en construction est venu dénoncer «le système» dont fait état Jacques Duchesneau dans son rapport. Des représentants syndicaux ont déploré les coupes dans les services publics. Et des artistes engagés ont invité la population à se mobiliser. «Tout le monde veut une enquête publique sauf ceux qui veulent cacher quelque chose, a dénoncé Dan Bigras. On veut une véritable commission d'enquête. Pas une commission Bastarache cheap.»

Le Mouvement 24 septembre s'est formé sur Twitter à la suite de la diffusion par La Presse et Radio-Canada des conclusions du rapport Duchesneau. «Si le message n'a pas été entendu, on va continuer à se faire entendre, a assuré l'historien et enseignant, Patrick Poirier, l'un des deux fondateurs du mouvement. Une commission d'enquête publique est ce qui va permettre aux citoyens de voir ce qui se passe, d'aller au fond des choses. Si nos institutions sont propres qu'on nous le montre et on va reprendre confiance.»

Grogne générale



La tenue d'une enquête publique n'était visiblement pas la seule revendication des manifestants qui, pour plusieurs, sont allés jusqu'à réclamer la démission de Jean Charest. Hausse des frais de scolarité, privatisation des services publics, compressions budgétaires, la grogne des citoyens présents était générale. «C'est l'ensemble de son oeuvre qui nous révolte, a expliqué Philippe Fournier. Le financement des écoles juives, la construction, le parti en général. La politique fonctionne toujours au détriment des gens. Tu aides tes amis parce que tes amis t'ont amené là.»

Ce rassemblement était la première action du Mouvement 24 septembre qui est appelé à prendre de l'ampleur. Bien qu'il acceptera la collaboration de divers groupes sociaux, le mouvement demeurera non partisan, assure Patrick Poirier. «On ne peut pas refuser la collaboration de gens de différents milieux, a-t-il fait valoir. On a besoin du soutien de groupes qui viennent de la société. Parce qu'on n'est pas désincarnés, ces groupes prennent pied à la société.» Selon M. Poirier, le rassemblement d'aujourd'hui démontre la capacité des réseaux sociaux de rassembler les gens.

Des manifestations se sont également tenues simultanément à Québec et à Sherbrooke. À Québec, quelques dizaines de personnes seulement se sont présentées devant l'Assemblée nationale.

Le premier ministre Jean Charest a fait savoir, par la voix de son attaché de presse, qu'il ne ferait aucun commentaire sur ces rassemblements.