Il faut immédiatement éliminer les «pommes pourries» au ministère des Transports, croit François Legault, leader de la Coalition pour l'avenir du Québec (CAQ).

Le rapport obtenu par Radio-Canada et La Presse révèle que des fonctionnaires relaient des renseignements confidentiels aux entrepreneurs et aux ingénieurs pour les aider à préparer leurs soumissions. Ils seraient aussi complaisants avec les fournisseurs quand vient le temps de décider de travaux supplémentaires ou d'ajouter des «extras» aux contrats déjà signés.

«C'est important que les coupables soient pénalisés. J'imagine que l'unité anticollusion a les noms des gens concernés. Sinon, elle n'aurait pu écrire des choses aussi percutantes dans son rapport», a dit M. Legault à La Presse. Il souhaite qu'on accélère le traitement des plaintes.

L'ex-péquiste, qui a été notamment ministre de l'Industrie, de l'Éducation et de la Santé, soutient qu'il n'a jamais constaté une telle proximité entre les fonctionnaires et les fournisseurs.

L'annonce qu'a faite cette semaine la ministre du Travail, Lise Thériault, quant à l'élimination du placement syndical dans les chantiers de construction est un «pas important dans la bonne direction», selon lui. L'opposition devrait donc collaborer à l'adoption de ce projet de loi.

Le gouvernement nuit-il à ses propres enquêtes?

Par ailleurs, le gouvernement pourrait sciemment nuire aux enquêtes de l'Unité anticollusion (UAC), craint le PQ. «C'est comme si tout le travail des policiers et des enquêteurs coinçait quelque part et que la seule façon de faire la lumière est une fuite aux journalistes», avance Stéphane Bergeron, critique en matière de Sécurité publique.

Mardi, La Presse a révélé que les trois quarts des enquêteurs et agents de renseignements de l'UAC ne pourraient pas être intégrés à la nouvelle Unité permanente anticorruption (UPAC) parce qu'ils ne sont pas fonctionnaires.

M. Bergeron rappelle aussi que le ministère des Transports a gardé secret un rapport sur la collusion déposé en 2004 et qu'il n'a jamais porté plainte pour un cas avéré de collusion. C'est le vérificateur général qui a révélé l'existence du rapport en 2009.

Le PQ, l'ADQ, Québec solidaire et la CAQ réclament plus que jamais une enquête publique. «Là, c'est écrit noir sur blanc par un enquêteur au-dessus de tout soupçon: il existe au Québec un système sur les contrats en transports qui fait en sorte qu'on gonfle les factures pour blanchir de l'argent et financer les partis politiques», dénonce Gérard Deltell, chef de l'ADQ.

Québec solidaire donne trois possibilités au gouvernement Charest: «Une commission, une démission ou des élections.»

Le PQ, quant à lui, regrette que, aux prochaines élections, les Québécois n'aient pas encore «la moindre idée de ce qui se passe» parce que le gouvernement Charest continue de refuser de mettre sur pied une commission d'enquête, pourtant demandée à l'unanimité par les partis de l'opposition, la population, les associations professionnelles des avocats, des policiers et des ingénieurs, le Barreau, les grands syndicats, la Ville de Montréal et deux grands regroupements de municipalités.

En refusant de les écouter, le premier ministre Charest agit comme s'il gouvernait une «monarchie élective», tonne M. Bergeron. Les enquêtes policières ne suffisent pas, argue-t-il. «Si on sort quelqu'un du système et qu'on l'envoie en prison sans s'attaquer au système lui-même, il sera immédiatement remplacé par quelqu'un d'autre.»

Et ce système coûte cher aux Québécois, rappelle-t-il. D'après une évaluation prudente, les chantiers coûteraient 30% de plus au Québec que dans les autres provinces. Or, le gouvernement investira plus de 10 milliards de dollars l'an prochain dans les infrastructures. Les coûts additionnels qui résulteraient de ce système équivalent à environ 4 milliards, soit ce qui manque pour retrouver l'équilibre budgétaire. Au lieu de s'attaquer à ce système, le gouvernement préfère «puiser dans les poches des contribuables».