Le boom de construction résidentielle dont jouit la ville de Terrebonne n'a pas que des avantages: la municipalité a dû intervenir vendredi pour limiter l'accès autour d'un cours d'eau protégé, après que des entrepreneurs délinquants se furent débarrassés de leurs déchets de construction dans la nature et sur le terrain d'un résidant ébahi.

Maxime David secoue la tête en regardant l'amas de terre, de roches, de bois, de briques et autres détritus qui jonchent son terrain, juste au bord du ruisseau Ouimet-Gascon, un cours d'eau dont les berges sont protégées en tant que zone riveraine. «J'ai cinq gros tas comme ça qui sont apparus le 21 juillet dernier. Les camions ont juste traversé mon terrain pendant que j'étais absent et ils ont déversé derrière ma maison», explique-t-il, en donnant un coup de pied dans le tas de cailloux.

Partout autour de chez lui, dans le secteur de la rue de Plaisance et du Golf des Moulins, les maisons poussent comme des champignons. Des travailleurs s'activent à terminer des façades, creuser des piscines, poser du pavé dans les entrées de cour. Pas moins de 458 unités de logements ont été bâties à Terrebonne depuis janvier, dont 144 en juin seulement, selon les chiffres de la Ville. Depuis le début de l'année, la valeur totale des investissements dans le secteur de la construction y dépasse 346 millions de dollars. «Le problème, c'est qu'il y a vraiment des entrepreneurs qui se comportent n'importe comment pour épargner de l'argent», déplore Maxime David.

Deux voisines de ce père de famille ont confirmé à La Presse qu'elles ont vu de gros camions venir déverser leur chargement chez M. David et repartir aussitôt. Le résidant a contacté l'entrepreneur qui avait fait les travaux sur sa propre maison et son terrain à l'époque. Celui-ci a assuré n'avoir rien à voir avec l'incident. Il a donc contacté la police de Terrebonne, qui a ouvert une enquête.

Enquête de police

«Pour l'instant, l'enquête suit son cours. Évidemment, ce n'est pas facile de retrouver toute l'information», a déclaré vendredi la porte-parole de la Ville, Diane Legault.

Maxime David a pris contact avec une entreprise qui lui demande environ 700 $ pour enlever les déchets de construction sur son terrain.

Ce n'est pas la première fois qu'il observe des comportements délinquants de la part de constructeurs dans son voisinage. Le petit fossé qui se jette dans le ruisseau Ouimet-Gascon, à côté de sa maison, est plein de morceaux de pavés. «Il y a deux ans, j'avais même vu des bétonnières déverser leurs restes de béton dans le ruisseau avant de repartir», dit-il.

Consciente du problème, la Ville est venue installer des blocs de béton, vendredi, afin d'empêcher les camions d'avoir accès au ruisseau, au fossé et au terrain de M. David par la même occasion. «Il y avait une petite bande de terrain, là, qui appartient à la Ville et c'est par là que les camions d'"on ne sait pas qui" passaient. Maintenant c'est bloqué», a déclaré la porte-parole de la municipalité.

La Ville tiendra sous peu des consultations publiques sur l'état des berges du ruisseau. La firme BPR-Triax a déjà été mandatée pour réaliser les plans et la surveillance de futurs travaux de réaménagement des berges. «Le ministère de l'Environnement est au courant du dossier. Dès l'automne, tout va être remblayé et nettoyé», annonce Mme Legault.

Mais Maxime David craint que les entrepreneurs continuent de jeter leurs chargements n'importe où si la Ville n'impose pas des sanctions sévères aux contrevenants. «Ils risquent peut-être une amende, mais ils courent la chance pour économiser de l'argent. Les cinq gros tas qu'ils ont déversés gratuitement sur mon terrain, ça leur aurait coûté de l'argent dans une vraie décharge», souligne-t-il.