Le syndicat des employés de bureau de la Commission de la construction du Québec part en guerre contre la PDG Diane Lemieux. Il s'adresse à la justice pour que soit suspendue la mise en place de son nouveau programme de vérification des antécédents des 300 employés investis d'un pouvoir d'enquête.

Le Syndicat des employés et employées professionnels-les et de bureau (SEPB 573) vient de déposer une requête en injonction en Cour supérieure à Montréal afin que ce controversé «programme d'habilitation sécuritaire» soit suspendu immédiatement en attendant qu'un arbitre de grief se penche sur la question.

Dans sa requête, le syndicat qualifie cette initiative récente de la CCQ «de partie de pêche (...) clairement déraisonnable et discriminatoire (...), une intrusion injustifiée dans la vie privée du syndiqué». Il ajoute qu'il n'est «aucunement nécessaire pour la CCQ de connaître toutes les infractions pour lesquelles le salarié a été accusé mais pour lesquelles il n'a pas été reconnu coupable».

À la fin du mois de mars, la direction de la CCQ a annoncé qu'elle allait confier le soin au service de filtrage de sécurité du ministère de la Sécurité publique de mener une vérification sur les antécédents d'environ 300 de ses employés et cadres qui mènent des enquêtes. Cette vérification porte sur trois points: antécédents judiciaires, consultation des banques de données policières et aussi vulnérabilité financière (faillites multiples, dettes, etc.). Les employés ont jusqu'au 15 avril pour remplir un formulaire de consentement.

Les enquêteurs de la CCQ, qui ont des pouvoirs étendus y compris de perquisition, doivent être intégrés, au même titre que les policiers de l'escouade Marteau, à la nouvelle Unité permanente anticorruption (UPAC) dirigée par l'ex-policier de la Sûreté du Québec Robert Lafrenière.

Cette étape de vérification des antécédents fait partie du plan mis en place par la nouvelle PDG Diane Lemieux pour assainir son organisme et aussi faire taire les rumeurs, a-t-elle déjà dit. «Les gens veulent savoir s'il y a de l'indépendance, de la probité, de l'éthique et de la rigueur au sein de la CCQ, écrit-elle dans un courriel envoyé aux employés le 25 mars. Ce programme est un rendez-vous qu'on ne peut pas rater.»

Une justification que ne partage pas le syndicat: «Mme Lemieux invoque le fait qu'elle veut distinguer le vrai du faux, et mettre fin aux rumeurs concernant les employés de la CCQ, mais il s'agit d'un prétexte pour faire une intrusion dans des pans entiers de leur vie privée», a répliqué Pierre Gingras, directeur exécutif au SEPB.

Une mise en demeure a été envoyée le 28 mars à la CCQ et un grief déposé le lendemain.

À la CCQ, on indique que «la mise en place du programme se poursuit». Mais André Martin, le porte-parole, n'a pas pu indiquer à La Presse combien d'employés ont déjà accepté de remplir le formulaire de consentement à la vérification.

Cette cause devrait être entendue demain matin en Cour supérieure.

-Avec la collaboration de Francis Vailles