La Commission de la construction du Québec est en train de se constituer une équipe spéciale d'enquêteurs chargés d'éradiquer les nouveaux «cancers» qui rongent le monde de la construction.

Selon ce qu'a appris La Presse, cette «Escouade tactique et d'investigation d'élite» est déjà constituée à 80%. Son mandat est de s'attaquer à la dérive mafieuse dans ce secteur d'activité, en particulier le blanchiment d'argent, l'injection de grosses sommes d'argent liquide et la fausse facturation.

«Ces nouveaux phénomènes sont de plus en plus présents depuis deux ans, constate André Martin, porte-parole de la CCQ. Les méthodes de fraude se raffinent. Il est impératif de passer à la vitesse grand V pour les étouffer rapidement comme un cancer. C'est une lutte incessante.»

Sur le même modèle que la lutte contre le terrorisme, les limiers de la Commission ne travailleront pas en vase clos mais plutôt en collaboration avec d'autres partenaires, en particulier la Sûreté du Québec, y compris la brigade Marteau, ou Revenu Québec. «On parle d'échanges d'informations ou de partages de fichiers», cite à titre d'exemple André Martin.

Travaux routiers

Une attention toute spéciale sera portée «à court terme» dit-on aux travaux routiers, avec l'aide du ministère des Transports du Québec, qui dispose déjà depuis février dernier d'une «unité anticollusion» supervisée par l'ex-chef de police Jacques Duchesneau. L'enjeu est de taille. Pour la période 2010-2011, ce sont près de 3,5 milliards de dollars que Québec va injecter dans les infrastructures routières.

Lors du dépôt de son budget au printemps dernier, le gouvernement du Québec avait clairement indiqué qu'il ne lésinerait pas sur les moyens pour lutter contre le travail au noir et la criminalité dans la construction. Un secteur où les pertes fiscales ont atteint 1,5 milliard de dollars en 2008. C'est ainsi que la CCQ a reçu 5 millions de nouveaux fonds pour s'attaquer au problème. Cela a servi notamment à embaucher 36 enquêteurs. Le processus est en cours. Tous ne feront pas forcément partie de la nouvelle escouade. Certains iront renforcer l'autre structure d'enquête existante qui se concentre sur les infractions en rapport avec le travail au noir, l'intimidation par les «gros bras», les menaces, la discrimination à l'embauche, etc.

En complément de la répression, la CCQ dit vouloir aussi miser sur la prévention en amont. Une équipe sera chargée de sensibiliser les «grands donneurs d'ouvrages» à ces tous ces fléaux.

La CCQ en bref

La CCQ a été créée en 1987.

> Son mandat principal est de veiller à l'application des conventions collectives dans le domaine de la construction. Elle mène aussi la lutte contre le travail au noir et gère les différents régimes sociaux de l'industrie.

> Elle est financée par des prélèvements auprès des employeurs et les employés du secteur.

> Elle peut «pénétrer à toute heure raisonnable sur les lieux d'un chantier de construction».

> Elle a le pouvoir de vérifier les livres comptables des employeurs, mener des enquêtes à la suite de plaintes, dresser le cas échéant des constats d'infraction. Les dossiers sont alors transmis au Directeur des poursuites criminelles et pénales.

(Source: site internet de la CCQ)