Si plusieurs inspecteurs de la Commission de la construction proviennent des syndicats, c'est parce que le profil recherché pour être inspecteur prévoit, entre autres, d'avoir travaillé durant au moins 10 000 heures dans l'industrie.

C'est l'explication qu'a donnée, mardi, le Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (international) à l'information diffusée par le réseau TVA voulant que 19 inspecteurs de la Commission proviennent de ses rangs.

Et comme la loi québécoise impose d'être membre d'un syndicat pour travailler sur un chantier de construction, ces ouvriers qui accumulent 10 000 heures proviennent nécessairement d'un syndicat, a justifié le directeur général du Conseil provincial, Donald Fortin, en entrevue.

«Avec tout le respect que j'ai pour une personne qui sort de l'université, une jeune femme ou un jeune homme qui sort de l'université, qui n'a aucune notion de construction, débarquer sur un chantier de construction, lorsqu'il y a du travail au noir et qu'il y a collusion entre un entrepreneur et deux ou trois salariés pour travailler au noir, ne pas payer l'impôt et ne pas payer ces choses, eh bien, ce n'est pas nécessairement facile. Les gars de construction qui ont l'expérience eh bien ils connaissent le vécu et ils sont capables de détecter ces choses-là. Et ils ont les outils, par leur expérience, qui sont utiles à l'application de nos conventions collectives et de nos règlements», explique M. Fortin.

Loin de ressembler à un conflit d'intérêts, cela est même un gage de compétence, a-t-il ajouté.

Pour ce qui est de liens de parenté qui ont été dévoilés entre des dirigeants des organisations syndicales de la construction et des travailleurs de la Commission de la construction, M. Fortin n'y voit pas à mal. «On est au Québec», lance-t-il, laissant entendre qu'il s'agit d'un petit milieu.

Il ajoute qu'«une fille qui répond au téléphone» à la CCQ ne pose pas un problème de conflits d'intérêts puisque ses fonctions ne lui donnent pas de pouvoir face aux organisations syndicales. C'est différent si l'on parle d'un poste de direction, convient-il.

Lui qui est membre du comité de vérification interne à la Commission de la construction rapporte qu'il y a plusieurs «systèmes de contrôle à l'intérieur» et que le tout fait foi d'une rigueur certaine. «On est vérifié par le vérificateur général. On a des cours de formation sur la vérification. Tout ce qui est fait est vérifié, revérifié, des contrôles, des contrôles absolus. On est un organisme public et nos bilans d'opération, tout notre cahier d'opération à la commission est déposé à l'Assemblée nationale», martèle M. Fortin.

TVA avait indiqué que 18 inspecteurs de la Commission de la construction embauchés ces dernières années provenaient de la FTQ-Construction, 19 du Conseil provincial, trois de la CSN-Construction et trois de la CSD-Construction.

Lundi, la Commission de la construction avait à son tour affirmé son indépendance et sa neutralité, assurant que son personnel est «intègre et crédible». Elle avait rappelé que le personnel embauché l'était après avoir passé par un processus de recrutement «transparent».

La Commission avait admis, par ailleurs, qu'elle s'affairait présentement à revoir certaines règles. «Nous sommes déjà en processus d'améliorations de notre gouvernance depuis plusieurs mois. De plus, des consultations ont été entreprises auprès de spécialistes en éthique afin d'améliorer nos processus», avait-elle écrit dans un communiqué.