L'armure de Jean Charest est percée, selon Pauline Marois.

Le temps où le premier ministre paraissait invincible et recouvert d'une épaisse couche de téflon, tellement aucune attaque ne semblait l'atteindre, est bien révolu, croit la chef de l'opposition officielle, au terme de la session parlementaire qui a pris fin vendredi.

Le refus du premier ministre de tenir une commission d'enquête sur l'industrie de la construction aura, selon elle, fortement miné son capital de crédibilité auprès de la population.

«Le premier ministre est atteint», a conclu Mme Marois, en conférence de presse, en faisant le bilan d'une session houleuse, marquée par de nombreuses allégations de corruption et de collusion dans l'industrie de la construction, particulièrement à Montréal.

«Il a dépassé les bornes», selon la chef péquiste, qui juge que le premier ministre ne peut pas «impunément» faire fi de ce qui est souhaité par une large partie de la population et des partis d'opposition.

Systématiquement, au cours des dernères semaines, Mme Marois est revenue à la charge tous les jours, en Chambre, pour réclamer du premier ministre une telle commission d'enquête.

Mais le premier ministre est demeuré imperturbable, même si, aux yeux de sa rivale, «les soupçons grandissent jour après jour» quant à l'intégrité de son gouvernement, «usé par le pouvoir».

Persuadée d'avoir égratigné l'armure du premier ministre durant cette session, Mme Marois est bien résolue à revenir à la charge en 2010, en promettant «de ne pas lâcher» le morceau, au cas où le premier ministre espérerait que le temps des Fêtes calmerait les esprits.

«C'est tout un monde (celui de la construction) qui est sali, parce qu'on ne veut pas faire la lumière sur cette question-là», a-t-elle déploré.

La controverse sur le secteur de la construction a été un filon exploité par tous les partis d'opposition, au cours de la dernière session.

Le chef de l'Action démocratique, Gérard Deltell, s'est lui aussi indigné, vendredi, de l'absence d'enquête, durant son bilan de session.

Il a dit espérer que le temps des Fêtes permettrait au premier ministre de réfléchir à la question et à changer son fusil d'épaule.

En point de presse, il a affirmé ne pas comprendre pourquoi le gouvernement s'obstinait à ne pas céder aux demandes venant de toutes parts pour la tenue d'une instance qui ferait toute la lumière sur les allégations des derniers mois.

En fait, M. Deltell attribue à l'arrogance du gouvernement son refus d'obtempérer aux demandes répétées des partis d'opposition et de nombreux intervenants.

Le gouvernement «doit cesser cette arrogance qui nuit au Québec», a-t-il fait valoir.

D'ailleurs, une pétition en ligne a été lancée vendredi pour permettre aux gens de se prononcer sur le sujet. Mme Marois a invité la population à «dire son mécontentement» au gouvernement.

La chef de l'opposition officielle a déploré que cette question ait pris tellement de place durant les travaux parlementaires que d'autres ont été mises de côté, comme celles ayant trait à l'éthique et à l'identité des Québécois.

Sur ces questions, comme la primauté à donner à la langue française notamment, le gouvernement «a démissionné», selon elle.

Aussi, à ses yeux, la dernière session sent «la fin de régime».

Les travaux parlementaires reprennent le 9 février.