La présidente du Conseil du Trésor, Monique Gagnon-Tremblay, affirme qu'aucun cas de collusion, de corruption ou de trafic d'influence n'a été porté à son attention concernant l'attribution des contrats gouvernementaux et les processus d'appels d'offres. Elle a néanmoins annoncé mardi le resserrement de certaines «mesures préventives» afin de «rassurer la population».

«Si des entreprises étaient tentées de faire de la collusion ou de l'obstruction, la récréation est terminée. Nous allons être très soucieux de tout ce qui se passe», a lancé Mme Gagnon-Tremblay en conférence de presse, mardi.

«Avec tout ce dont on a entendu parler au cours des dernières semaines, on suppose qu'il peut y avoir de la collusion, mais ça ne veut pas dire que ça touche le gouvernement comme tel parce qu'on a toujours appliqué les règles. Mais on n'est pas à l'abri de cette collusion.»

Les mesures annoncées mardi, des lignes de conduite générales qui existent déjà au Conseil du Trésor et aux Transports, seront désormais appliquées dans tous les ministères et organismes publics. Les ministères et organismes doivent :

- Recourir à des moyens pour s'assurer qu'un soumissionnaire n'a pas tenté d'influencer un des membres du comité de sélection ;

- Mettre en place des mesures visant à lutter contre le truquage des offres ;

- Adopter des mesures pour éviter que des soumissionnaires s'entendent au préalable ;

- Se réserver le droit de refuser toutes les soumissions reçues si les prix sont trop élevés ou ne reflètent pas le juste prix ;

- Prendre les mesures nécessaires pour prévenir les situations de conflits d'intérêts, les gestes d'intimidation ou la corruption.

Monique Gagnon-Tremblay a indiqué que les ministères et organismes devront désormais exiger des soumissionnaires une attestation de conformité du ministère du Revenu afin de s'assurer qu'ils respectent les lois fiscales. Cette règle s'appliquera dans les contrat de plus de 25 000 $. L'État veut faire affaire avec des entreprises «intègres et honnêtes», a insisté la ministre.

Selon elle, ces mesures sont d'autant plus nécessaires que le gouvernement investira 42 milliards de dollars dans les infrastructures au cours des cinq prochaines années. Au cours de la seule année 2006-2007, les ministères, les organismes et les sociétés d'État ont accordé des contrats de toutes sortes d'une valeur totale de 18,9 milliards de dollars.

À la période de questions à l'Assemblée nationale, la chef du Parti québécois, Pauline Marois, a accusé le gouvernement de vouloir «désespérément placer un écran de fumée pour masquer son refus de tenir une enquête publique sur l'ensemble des allégations qui secouent le monde de la construction et le monde municipal».

«Le premier ministre fait tout pour que son gouvernement ne soit pas éclaboussé par le scandale. Quels sont les intérêts occultes qui empêchent le premier ministre du Québec de faire la lumière sur toute cette question de collusion?»

Pendant ce temps, la réputation de la métropole est «entachée», a-t-elle ajouté en brandissant un exemplaire du magazine Maclean's qui décrit Montréal comme une ville corrompue.

Le premier ministre Jean Charest a répliqué en citant un extrait d'un article du magazine : «Accurso a eu des relations d'affaires avec Claude Blanchet» (le mari de Pauline Marois). «Pourriez-vous maintenant nous dire si c'est vrai, ce qui est dit dans le Maclean's?» a-t-il demandé.

Jean Charest a plus tard invoqué les arrestations survenues au cours de la journée pour soutenir que les enquêtes policières portent leurs fruits.