Le PQ discute des alliances électorales à son caucus de pré-session à Joliette. Mais, pour en débattre de façon éclairée, il faudrait que la direction bicéphale de Québec solidaire (QS) parle d'une seule voix, dit Nicolas Girard.

«M. Khadir a dû approcher la moitié du caucus du PQ (l'automne dernier) pour leur indiquer qu'il souhaite une alliance. Visiblement, Mme David ne partage pas le point de vue de M. Khadir», a lancé M. Girard.

«C'est complètement faux», a réagi M. Khadir. Deux députés du PQ m'ont approché à ce sujet et non pas le contraire», a-t-il rectifié. Françoise David et lui parlent «d'une seule voix» sur ce sujet, a-t-il ajouté.

Le député de Gouin doit affronter à nouveau la présidente de QS aux prochaines élections. «Bien des électeurs de Gouin se demandent pourquoi deux personnalités souverainistes et progressistes s'affrontent dans la circonscription de Gouin. Ils trouvent cela contre-productif», observe M. Girard. Il se dit néanmoins d'accord avec «le principe».

Il a donné l'exemple de Laurier-Dorion, dans Parc-Extension. Le PQ a perdu par environ 1500 puis 2000 votes aux dernières élections, en 2007 et 2008. «Si on n'avait pas eu un candidat de QS et un autre du PQ, les souverainistes auraient pu ravir la circonscription à un député libéral», a estimé M. Girard. Une telle élection permettrait aux prochaines élections de profiter encore plus de «la division du vote fédéraliste» entre le PLQ et la CAQ.

En attente d'une proposition

À sa demande, Jean-François Lisée  a obtenu l'automne dernier le mandat d'agir à titre d'émissaire auprès de Françoise David et Amir Khadir. Il devait sonder leur intérêt pour des alliances. La rencontre s'est déroulée en novembre, le même mois où Mme David a fait son investiture dans Gouin.

C'est Mme David qui a été envoyée la semaine dernière pour répondre aux questions des journalistes. Elle raconte qu'elle avait dit à M. Lisée que ses membres s'opposaient aux alliances. Mais, elle s'était malgré tout engagée à leur soumettre toute proposition officielle. Il n'y en a jamais eu. Mme Marois a dit être présentement «en analyse».

Plusieurs députés péquistes ignoraient encore la semaine dernière la démarche dite exploratoire de M. Lisée. La question des alliances divise le caucus péquiste. Bernard Drainville et Stéphane Bergeron y sont notamment favorables. C'est aussi le cas de deux membres de l'exécutif national.  Des fidèles de Mme Marois s'y opposent toutefois, comme Yves-François Blanchet et Sylvain Gaudreault. Ils craignent que cela ne profite à la CAQ, en rebutant les souverainistes moins à gauche.

Une autre proche de Mme Marois, Marie Malavoy, a partagé ses réserves ce matin. «(Les alliances), ce n'est pas quelque chose qu'on doit faire sans y réfléchir, parce que c'est risqué. Je suis plutôt de l'école de la prudence», a-t-elle avancé.

Au même moment, le député souverainiste indépendant Pierre Curzi prononçait une allocution devant des étudiants à l'Université de Montréal, en marge de laquelle il a plaidé pour une alliance entre tous les partis souverainistes.

«Je souhaite un pacte électoral stratégique, et je souhaite même qu'on aille encore plus loin, en ayant un accord sur un certain nombre de sujets», a-t-il expliqué à La Presse.

Même s'il a quitté le parti au printemps, il répète ne pas être «anti-PQ» et ne souhaiterait pas affronter un adversaire péquiste dans son comté de Borduas aux prochaines élections. «Je vais parler au Parti québécois avant d'annoncer mes couleurs», assure-t-il.

«S'il n'y a pas d'alliance, alors [les autres partis souverainistes] pourraient présenter quelqu'un contre moi. Ça va devenir compliqué», croit-il.

- Avec la collaboration de Vincent Larouche