Un troisième président régional du Parti québécois réclame le départ de Pauline Marois. Éric de la Sablonnière, des Laurentides, voit en Gilles Duceppe «un homme d'expérience qui peut prendre la relève en cette période de turbulence».

«Pauline Marois n'est plus écoutée par la population. Elle n'a plus la crédibilité pour passer le message du Parti québécois et pour aller devant l'électorat à la prochaine élection. Je ne vois pas comment, avec Pauline Marois, nous allons être en mesure de passer au travers», a-t-il affirmé en entrevue à La Presse, hier. Il a ajouté que «plusieurs organisateurs ne s'impliqueront pas si Mme Marois est là aux prochaines élections, et ça, c'est le nerf de la guerre».

La semaine dernière, les présidents régionaux Claude Lessard (Mauricie) et Alexandre Bourdeau (Lanaudière), un ex-député, ont eux aussi recommandé à Pauline Marois de passer la main. Éric de la Sablonnière occupe ses fonctions depuis juin 2005, ce qui fait de lui un vétéran parmi les 17 présidents régionaux du PQ.

Trois députés des Laurentides ont demandé à la chef de quitter son poste lors des deux réunions extraordinaires du caucus mercredi dernier: Daniel Ratthé (Blainville), Gilles Robert (Prévost) et Sylvain Pagé (Labelle). Ce dernier aurait défié Mme Marois de soumettre son leadership à un scrutin secret au caucus, a confié une source sûre. Il aurait ajouté que la chef ne passerait pas le test. Au total, de 8 à 10 députés ont exigé la démission de Mme Marois.

Avec Lanaudière, les Laurentides sont la zone d'influence naturelle de François Legault, ex-député de Rousseau. Le député de Deux-Montagnes, Benoit Charette, qui a quitté le caucus péquiste en juin, a l'intention de se joindre à la Coalition pour l'avenir du Québec dès qu'elle deviendra un parti politique.

«Legault fait peur»

Chez les militants des Laurentides, «la présence de Legault, ça fait peur», a indiqué Éric de la Sablonnière. Il faisait partie du clan des jeunes partisans de François Legault à l'époque où celui-ci était ministre du PQ. M. Legault n'a pas tenté de le recruter. «J'ai toujours dit que je n'avais pas l'intention de quitter le Parti québécois», a-t-il souligné.

Or, si Mme Marois reste aux commandes du parti, il ne renouvellera pas son mandat à titre de président régional. «Et après ça, je pourrai être libre pour envisager autre chose politiquement. Mais je ne suis pas en train de dire aujourd'hui que je vais sauter avec Legault», a-t-il dit.

Selon lui, Pauline Marois a montré plusieurs «problèmes de leadership importants». Il y a eu son appui au projet de loi 204 sur l'amphithéâtre de Québec, son incapacité à éviter le départ de députés de premier plan et, plus récemment, sa position sur le projet de loi 33 éliminant le placement syndical dans l'industrie de la construction. «On a-tu été lent à réagir! Je ne peux pas tolérer qu'il y ait de la violence sur des chantiers, et que, parce qu'on est près de la FTQ, on n'ait pas dénoncé ça ou qu'on ait dénoncé ça avec une certaine mollesse», a-t-il lancé.

Autre exemple: «Le parti organisait auparavant des cocktails nationaux, un à Québec et un à Montréal. Ça, c'est la responsabilité de la permanence et de la chef. Or, il n'y en a plus depuis déjà deux ans. Ça veut dire qu'on a de la difficulté à convaincre des gens d'affaires et des professionnels qu'on est l'alternative aux libéraux. Pour moi, ça envoie un message assez clair.»

Nervosité dans les régions

Le président régional estime que Gilles Duceppe serait en mesure de sortir le PQ de la crise, d'autant qu'il «semble être plébiscité dans les sondages».

À Laval, le président régional et ancien député, Michel Leduc, reconnaît que les militants «se posent des questions sur le leadership» de Pauline Marois. Une rencontre des présidents de circonscription aura lieu plus tard en novembre. «Mme Marois, pour l'instant, a notre confiance», a dit M. Leduc.

Même son de cloche dans Chaudière-Appalaches. «Je suis derrière Mme Marois présentement», a dit le président régional, Pierre Bluteau, ajoutant qu'il doit consulter les associations de circonscription bientôt pour discuter de la direction.

Serge Bouchard, président dans le Centre-du-Québec, est quant à lui un inconditionnel de Pauline Marois. «On est derrière elle sans problème. On l'appuie malgré la tempête», a-t-il soutenu.

- Avec Denis Lessard