Des députés qui ont claqué la porte du Parti québécois se sont montrés peu impressionnés, jeudi, par l'engagement de leurs ex-collègues à demeurer aux côtés de la chef Pauline Marois.

Sans vouloir commenter directement la valeur de cette promesse, Jean-Martin Aussant a cependant émis l'opinion que les choses peuvent évoluer vite en politique.

«Dans l'histoire politique, on peut bien voir que les choses changent assez vite, a-t-il dit dans une entrevue. D'ailleurs, les rumeurs de défection se poursuivent en parallèle au serment d'allégeance.»

Benoit Charette s'est lui aussi abstenu d'évaluer le serment des députés péquistes, mais en citant les médias il a souligné que certains, dont Claude Cousineau, utiliseront la période estivale pour effectuer une réflexion, ce qui pourrait faire évoluer la situation.

«J'entends qu'il y aurait d'autres députés en réflexion en ce moment, mais dans quel sens, s'ils réfléchissent, je ne pourrais le dire, a-t-il affirmé. Est-ce que c'est parce qu'ils se retrouvent dans ce que j'ai énoncé ou est-ce qu'ils se retrouvent davantage dans les idées des quatre autres qui ont quitté plus tôt?»

Jeudi, M. Cousineau a tenté d'étouffer les rumeurs de défection en diffusant  un communiqué dans lequel il nie toute intention de rejoindre la Coalition pour l'avenir du Québec de François Legault. Admettant qu'il est en réflexion, M. Cousineau a réaffirmé sa confiance envers le PQ, sans toutefois mentionner sa chef.

«Je vais réfléchir et consulter mes proches durant la période estivale», a-t-il dit.

Pour mettre fin à une crise provoquée par le départ de cinq députés péquistes en deux semaines, Mme Marois a demandé à ses députés s'ils adhéraient au programme du PQ et étaient prêts à le promouvoir avec elle.

Au terme d'un caucus extraordinaire, mercredi, Mme Marois a affirmé qu'ils avaient tous répondu par l'affirmative.

Après avoir déjà évoqué la possibilité de fonder un nouveau parti souverainiste, M. Aussant a déclaré jeudi que toutes les options sont sur la table pour lui, incluant de provoquer des changements au PQ.

M. Aussant exclut cependant toute possibilité de réintégrer les rangs tant que Mme Marois demeure en poste.

«Je vais discuter et rencontrer pas mal de militants et de gens qui veulent s'engager pour la souveraineté, a-t-il dit. On va voir ce que ça va donner. Est-ce que ce sera des forums de discussions, est-ce que ça va être un parti officiel, ou est-ce qu'il n'y aura ni l'un ni l'autre et qu'on va simplement continuer à pousser pour que le PQ redevienne ce qu'il devrait être?»

De son côté, M. Charette a affirmé qu'il n'avait pas l'intention de faire du maraudage dans les rangs péquistes pour le compte de M. Legault, dont il est proche.

Sans vouloir s'avancer sur la possibilité que d'autres députés partagent sa sensibilité politique, M. Charette a affirmé que leur nombre avait été insuffisant pour qu'il choisisse de rester.

«Il n'y a pas de mouvement dans ce sens-là», a-t-il dit.

Esquissant toutefois l'espoir de voir M. Legault créer une coalition fédéraliste-souverainiste transcendant le débat sur la place du Québec dans le Canada, M. Charette a mentionné qu'il avait récemment reçu des encouragements de la part de députés libéraux depuis sa démission.

«La trêve référendaire est une thématique qui semble séduire de plus en plus, a-t-il dit. J'ai reçu de très bons mots de députés libéraux depuis mardi. Je ne vous les nommerai pas malheureusement.»

Des députés péquistes ont remis en question la légitimité de leurs anciens collègues à siéger, mercredi, en raison de leur défection, soutenant qu'ils devraient se faire réélire.

M. Aussant s'est montré de l'avis contraire. Selon le député de Nicolet-Yamaska, il s'est davantage fait élire comme souverainiste que comme péquiste, en 2008.

«Le comté de Nicolet n'était pas acquis au PQ, a-t-il dit. La bannière ne m'a pas aidé à être élu. Je dirais au contraire que c'est moi qui ai aidé le Parti québécois à rentrer dans Nicolet.»

M. Charette a pour sa part soutenu qu'il est actuellement en consultation dans sa circonscription et qu'il décidera avant la rentrée parlementaire s'il continue à siéger comme indépendant.

Le député de Deux-Montagnes s'est montré encouragé des réactions qu'il reçoit déjà de la part de ses électeurs.

«C'est extrêmement positif», a-t-il dit.

Donnant l'exemple de Lucien Bouchard qui a quitté les rangs conservateurs pour siéger comme indépendant avant de fonder le Bloc québécois, à Ottawa, la députée Louise Beaudoin a soutenu qu'elle avait toute la légitimité de poursuivre dans ses fonctions de députée de Rosemont.

«J'ai autant de légitimité que Lucien Bouchard», a-t-elle dit.

Deux autres anciens péquistes qui siégeront comme indépendants, Pierre Curzi et Lisette Lapointe, ont préféré ne pas faire de commentaires.