«Si le gouvernement nous avait rencontrés en novembre ou en décembre (2011), les choses auraient été très différentes», a déclaré lundi matin Martine Desjardins, ex-présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec, au premier jour de la Commission spéciale d'examen des événements du printemps 2012 sur la crise étudiante.

À plusieurs reprises, Mme Desjardins a mentionné que si les choses avaient autant dégénéré, c'était en raison du gouvernement libéral «qui ne rappelait pas», «qui ne prenait pas au sérieux les étudiants» et qui refusait toute médiation.

«Dans une situation de crise, il n'est pas courant de voir un gouvernement se cacher et ne pas répondre.»

En promulguant la loi 78 qui limitait le droit de manifester, le gouvernement a plus que jamais soufflé sur la braise «et élargi une contestation qui, à ce moment-là, n'était plus seulement étudiante».

Mme Desjardins a spécialement visé le ministère de la Sécurité publique d'alors qui a cautionné et avalisé plusieurs agissements douteux. Des cas d'«intimidation ont été tolérés alors qu'ils n'auraient pas dû l'être», a-t-elle dénoncé.

Plus encore, Mme Desjardins a soutenu que des arrestations de masse avaient été faites dans le but précis, pour le gouvernement, de faire mal paraître le mouvement étudiant.

Encore chanceux que personne n'y ait laissé sa vie, a dit Mme Desjardins. «À la grande manifestation de Victoriaville (en mai 2012), c'était ma seule crainte. Que quelqu'un meure. Tu ne peux plus continuer de manifester quand t'as un mort sur la conscience.»

Dans son allocution d'ouverture, le président de la Commission, Serge Ménard, a rappelé qu'entre février et septembre 2012, Montréal a vécu 532 manifestations, impliquant environ 750 000 personnes et débouchant sur 2255 arrestations.