Les policiers montréalais n'ont pas chômé durant le printemps érable. Les quelque 700 manifestations ont mené à 382 arrestations en vertu du Code criminel et à 1711 interpellations pour des infractions aux règlements municipaux.

Ces statistiques, fort attendues, sont en fait tombées à l'improviste le 23 mai dernier en soirée, lors de la séance publique de l'étude du rapport 2012 du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), tenue à l'hôtel de ville. Elles n'ont pas été relevées par les médias.

Questionné par les conseillers Jocelyn Ann Campbell et Alex Norris, le directeur Marc Parent a d'abord indiqué que ce bilan des manifestations étudiantes de l'année dernière n'avait pas été consigné dans le rapport annuel. Quelques minutes plus tard, il a annoncé qu'il l'avait finalement obtenu.

C'était la première fois que le SPVM dévoilait ces données précises. Le mois dernier, on avait appris que le printemps érable avait mené globalement à 2093 arrestations et interpellations, essentiellement pendant les six premiers mois du conflit étudiant. On ignore cependant la nature et le nombre d'accusations et de constats d'infraction qui ont ensuite été émis.

Le mois dernier, un collectif, dont fait notamment partie la Ligue des droits et libertés, a rendu public son propre bilan. À l'échelle du Québec, on estimait le nombre d'arrestations à 3509, dont 471 qui ont mené à des accusations criminelles et 1616 constats liés à des règlements municipaux.

«Jamais un corps policier au Québec, voire au Canada ou aux États-Unis, ne fut confronté, quotidiennement, a un mouvement social d'une telle intensité, précise le rapport 2012 du SPVM. Montréal est rapidement devenu le centre névralgique du mécontentement populaire.»

Engorgement à la déontologie

La comparaison des statistiques de criminalité pour les années 2011 et 2012 pour le secteur desservi par le centre opérationnel Sud - qui comprend le centre-ville - ne donne pas d'indication claire.

On note cependant une augmentation de 7% (soit 263 accusations) des «infractions contre l'administration de la loi et de la justice». L'accusation d'entrave au travail des policiers entre dans cette catégorie.

Les infractions aux règlements municipaux pour ce secteur ont en outre augmenté de 11% - soit 751 constats supplémentaires - en 2012 par rapport à 2011.

Le 23 mai, lors de la séance de la Commission de la sécurité publique, la conseillère Campbell a en outre relevé une hausse importante du nombre de policiers visés par une plainte en déontologie - qui sont passés de 1040 à 1240 en un an. Un nombre exceptionnellement élevé de plaintes, soit 397, est actuellement en traitement.

Le directeur Parent a promis de «relancer la déontologie policière» pour s'occuper de ces dossiers rapidement.

En entrevue à La Presse, Mme Campbell a dit trouver «regrettable» que les événements du printemps 2012 n'aient pas fait l'objet d'une analyse plus poussée. «Ça soulève des questions, mais je pense que les élus ne les ont pas posées. La Commission de la sécurité publique a failli à la tâche. Les élus ont la responsabilité d'aller au-delà de cette analyse sommaire et superficielle.»