Malgré l'arrivée de l'automne, les rues de Montréal ont renoué avec leurs habitudes printanières, cet après-midi, alors qu'une manifestation étudiante était dispersée par les policiers.

Deux manifestants ont été arrêtés.

La manifestation organisée par la CLASSE avait débuté vers 14h30 au parc Lafontaine et a pris fin 90 minutes plus tard, au centre-ville.

Selon le Service de police de la ville de Montréal (SPVM), des projectiles auraient été lancés sur les policiers qui protégeaient l'édifice Loto-Québec sur la rue Sherbrooke. «Un policier aurait été blessé à un genou après avoir reçu un projectile. Il a été blessé légèrement», a expliqué Daniel Lacoursière, porte-parole policier.

Après la diffusion d'avis, «les manifestants ont été dispersés», a continué l'agent Lacoursière.

Les étudiants n'ont pas la même version de l'histoire.

«Ça faisait au moins 20 minutes qu'on avait dépassé Loto-Québec lorsqu'une file d'antiémeutes a traversé la foule», a relaté Jeanne Reynolds, l'une des porte-parole de la CLASSE. «On ne comprend pas.»

L'organisation étudiante dénonce aussi les moyens employés par le SPVM pour disperser les participants.

«C'était presque dangereux. Il y avait des enfants, des bébés. Ce n'est pas très sécuritaire que les gens partent en courant, en peur», a dénoncé Mme Reynolds.

Gratuité scolaire

Après avoir marché pendant six mois contre la hausse des frais de scolarité, certains manifestants étudiants ont dû maintenant modifier pancartes et slogans.

Prenant acte de l'annulation de la hausse des frais de scolarité par le gouvernement péquiste de Pauline Marois, la Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE) met maintenant le cap sur la gratuité scolaire.

«Ce n'est pas une position qui est aussi marginale qu'on le croit», a assuré Camille Robert, porte-parole de l'association étudiante. «La gratuité scolaire est un projet de société qui est tout à fait réalisable [...] C'est une question de volonté politique, point à la ligne.»

Le gouvernement péquiste de Pauline Marois a confirmé cette semaine qu'il annulera la hausse des droits de scolarité décidée par le gouvernement Charest. Les bonifications à l'aide financière proposées par ce dernier seront aussi reconduites pour au moins un an.

Entretemps, le gouvernement devrait réunir tous les acteurs du domaine de l'éducation postsecondaire afin de discuter du financement des universités. Le Parti québécois a déjà annoncé qu'il défendrait l'idée de frais de scolarité indexés à l'augmentation du coût de la vie. Hier, le nouveau député Léo Bureau-Blouin a qualifié cette solution de «raisonnable» et d'«acceptable».

La soudaine conversion de l'ancien leader étudiant n'a pas surpris Camille Robert.

«On ne se fie pas à Léo Bureau-Blouin pour établir nos positions et ce qui est raisonnable pour nous. Du côté de la CLASSE, de la FECQ et de la FEUQ, ce n'est pas qu'il y ait une indexation, ce qu'on souhaite, c'est un gel ferme», a-t-elle fait valoir.