Incapable de donner les cours en raison de la grève étudiante, l'Université de Montréal songe carrément à annuler certains cours du trimestre d'hiver. Ce précédent dans l'histoire de cette université toucherait 1300 étudiants.

Les manifestations étudiantes qui ont perturbé la rentrée des classes plus tôt cette semaine ont forcé la direction de l'Université à suspendre une cinquantaine de cours. Elle se donne jusqu'à demain pour évaluer la situation.

«Une décision sera prise d'ici la fin de la semaine. Est-ce encore possible de terminer ces cours-là? Nous allons procéder à une analyse, plan de rattrapage par plan de rattrapage», explique le porte-parole de l'Université de Montréal, Mathieu Filion.

L'Université ne peut prolonger le trimestre d'hiver au-delà du 28 septembre. Dès le 1er octobre, de 15 000 à 20 000 nouveaux étudiants sont attendus pour le trimestre d'automne, précise-t-il.

Une cinquantaine de cours sont visés par la menace d'annulation. Au total, six programmes sont touchés, soit anthropologie, études est-asiatiques, littérature comparée, histoire de l'art, études cinématographiques et jeux vidéo.

Si les cours sont annulés, il n'est pas certain qu'ils puissent être offerts au trimestre d'automne, qui commence le 1er octobre. Ils pourraient n'être donnés que l'hiver prochain.

La mention «annulation» sera inscrite sur le relevé de notes. Les étudiants concernés n'auront pas d'échec. Leur paiement sera crédité, si bien qu'ils pourront se réinscrire au cours ultérieurement, sans avoir à débourser de nouveau.

À l'UQAM

Du côté de l'Université du Québec à Montréal (UQAM), il n'est pas question d'annuler des cours du trimestre d'hiver, du moins pour le moment. «Ce n'est pas dans les discussions au moment où on se parle», indique la porte-parole de l'Université, Jenny Desrochers.

Depuis lundi, plusieurs cours du module de science politique ainsi que des facultés des arts et des sciences humaines ont toutefois été perturbés par des manifestants cagoulés. Hier encore, une trentaine d'entre eux ont fait irruption dans les salles pour tenter de lever les cours.

«On constate qu'il y a quand même des cours qui se donnent dans les facultés touchées», précise Mme Desrochers, pour expliquer la décision de ne pas annuler les cours. Les professeurs peuvent aussi choisir d'enseigner à distance en demandant aux étudiants de lire certains documents.

Réunis en assemblée générale hier après-midi, les étudiants en sciences humaines ont aussi décidé de retourner en classe, ce qui laisse présager un retour au calme pour cette faculté. 

Jusqu'à présent, l'UQAM n'a pas demandé l'intervention des policiers, mais elle a déposé des plaintes contre des manifestants ayant commis des gestes d'intimidation. Il n'est pas exclu qu'il y en ait d'autres.

Tant l'Université de Montréal que l'UQAM sont en contact quotidien avec le ministère de l'Éducation. La ministre sortante, Michelle Courchesne, n'a toutefois pu répondre à nos questions, hier.

Agir rapidement

Au lendemain des élections, le gouvernement élu devra agir rapidement, croit la présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec, Martine Desjardins.

Plusieurs étudiants qui sont retournés en classe ont voté pour une trêve, non pas pour la fin de la grève.

«La situation est assez urgente», dit-elle en comprenant mal «l'empressement» de l'Université de Montréal à annuler les cours.

«C'est un précédent important», soutient Mme Desjardins.