À moins d'une semaine de ce que plusieurs élèves qualifient de «rentrée forcée», les cégeps font tout pour prévenir les débordements. Plusieurs établissements ont embauché des agents de sécurité, et une rencontre au sommet est même prévue ce matin avec le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) afin de discuter des opérations encadrant le retour en classe, a appris La Presse.

«Nous voulons voir de quelle façon les policiers voient leurs obligations par rapport à la loi spéciale», explique Dominique Arnaud, de la Fédération des cégeps. Celle-ci regroupe 48 établissements, dont les 14 qui sont encore touchés par le conflit étudiant. Des représentants de la Fédération et des membres du SPVM tiennent donc une réunion ce matin, dès 10h.

Loi spéciale oblige, les cégeps devront «prendre les moyens appropriés pour que soient dispensés les services d'enseignement» dès la rentrée. Un véritable casse-tête pour les établissements - sans compter que des piquets de grève et d'autres perturbations sont déjà annoncés. Pour éviter des heurts comme ceux du collège Lionel-Groulx, où des agents de la Sûreté du Québec ont aspergé de gaz des élèves qui tentaient d'empêcher des camarades détenteurs d'une injonction de passer, les directions ont le mandat de faire rapport au ministère de l'Éducation si certains articles de la loi ne sont pas respectés sur leur terrain. C'est l'instance qui déterminera ensuite si les policiers doivent être appelés sur les lieux.

«On est des éducateurs, on ne veut pas voir de scènes de violence, affirme Jean Beauchesne, président-directeur général de la Fédération des cégeps. Mais on veut que ceux qui désirent assister à leurs cours puissent le faire.»

C'est d'ailleurs pour cette raison que les cégeps sont nombreux à avoir renforcé la sécurité entre leurs murs.

«La majorité a gonflé ses effectifs pour que la rentrée se déroule dans le calme et que ceux qui veulent retourner en classe puissent y aller», indique Mme Arnaud. Elle précise toutefois que les agents de sécurité ont leurs limites. «Ils ne peuvent pas défaire un piquet de grève ou faire des interventions policières», explique-t-elle.

Au cégep de Saint-Jérôme, où plusieurs nouveaux gardiens ont été embauchés «pour que tout se passe bien» au retour en classe, le 16 août, on prévient que les dispositions de la loi spéciale seront mises en oeuvre coûte que coûte - notamment celles de respecter une distance de 50 mètres pour manifester et de ne pas bloquer l'accès à ceux qui souhaitent entrer. «Si ça arrive, nous allons en faire rapport», dit Guylaine Gagné, coordonnatrice du Service des communications. La direction a rencontré la police locale pour discuter des interventions qu'elle pourrait être appelée à faire.