Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a profité du fait que Mathieu B. Girard devait se rendre à Saguenay avec sa mère pour les funérailles de sa soeur, hier, pour arrêter le militant étudiant. Ce dernier était dans la ligne de mire des policiers depuis quelque temps en lien avec un acte de sabotage dans le métro de Montréal.

Le militant de 19 ans de l'association étudiante du collège de Maisonneuve était en voiture avec sa mère et son frère sur l'autoroute 20 lorsqu'une voiture de la Sûreté du Québec (SQ) les a interceptés, à la hauteur de Saint-Hyacinthe.

Des agents de la SQ ont alors arrêté le jeune militant à la demande du SPVM. Sous le choc, le reste de la famille a pu poursuivre sa route vers Saguenay, où elle devait se réunir à l'approche des funérailles de la jeune femme, dont la date n'est pas encore déterminée.

Quant à Mathieu B. Girard, il devrait comparaître aujourd'hui au palais de justice de Montréal.

Crainte d'un acte terroriste

Selon nos informations, il fera face à de sérieuses accusations d'incitation à craindre un acte terroriste, de complot et de méfait, relativement à un événement au cours duquel des suspects ont perturbé le réseau du métro en lançant des objets sur les rails à plusieurs endroits simultanément.

«Nous pouvons confirmer qu'une personne a été arrêtée en lien avec le conflit étudiant. Elle était recherchée en lien avec des méfaits commis dans le réseau de transports en commun», a expliqué le sergent Laurent Gingras, porte-parole du SPVM. Il refuse toutefois de discuter de l'identité du jeune homme et de sa situation familiale tant qu'il n'a pas comparu.

Joint en soirée hier, le commandant Ian Lafrenière a ajouté que les enquêteurs craignaient que leur cible ne prenne la clé des champs. «Nous avions entendu qu'il aurait pu vouloir quitter le pays», a expliqué M. Lafrenière.

Selon lui, le suspect avait fait faux bond aux enquêteurs lorsque ceux-ci lui avaient demandé de se présenter au poste.

La soeur de Mathieu B. Girard est morte samedi dernier d'un problème de santé. C'est lui qui a découvert son corps. Il a donc dû rencontrer la police à cet égard.

Selon nos sources, son nom a ensuite circulé parmi les enquêteurs affectés au dossier étudiant. Ceux-ci avaient tenté sans succès de le trouver lors de leur rafle de jeudi dernier dans les milieux militants, et ils craignaient qu'il ne s'enfuie. Ils ont donc voulu saisir l'occasion de lui mettre la main au collet, de préférence avant qu'il ne quitte la région. C'est pourquoi ils ont demandé l'aide de la SQ sur l'autoroute 20, hier.

Dévasté

Selon son avocate, Me Véronique Robert, le jeune homme était dévasté, car il craignait qu'on l'empêche d'assister aux funérailles de sa soeur. Il aurait supplié les policiers qu'on le laisse voir sa soeur une dernière fois.

«Ils ont manqué de coeur, ils auraient dû agir autrement! Je soupçonne carrément qu'ils veulent profiter de son effondrement émotionnel pour l'interroger dans l'espoir qu'il leur donne des noms!», a affirmé Me Robert.

Selon elle, rien ne justifiait une telle façon de procéder. Elle nie que son client ait tenté de se dérober à la justice. «Il a une adresse, un numéro de téléphone, moi, je le joins quand je veux. Il avait entendu des rumeurs selon lesquelles il était recherché, et j'avais moi-même demandé au SPVM s'ils avaient un mandat d'arrestation contre lui récemment, ça n'avait rien donné», dit-elle.

Me Robert croit que la police veut impressionner les militants par des arrestations spectaculaires. «Des méfaits comme ça, ce sont des cas où ils peuvent leur faire signer une promesse de comparaître ou leur envoyer une sommation par la poste, ou carrément appeler leur avocat. Là, ils font un show, comme quand ils ont arrêté Andréa Pilote sur le pont avec quatre chars de police», a-t-elle lancé, en faisant référence à une autre militante arrêtée la semaine dernière.

Les funérailles de la soeur de Mathieu B. Girard doivent se tenir bientôt, mais aucune date n'avait été fixée au moment d'écrire ces lignes. S'il est libéré rapidement, il devrait pouvoir se rendre à la cérémonie, à moins que la Couronne ne s'oppose à sa mise en liberté avant procès.

Rappelons que le SPVM recherche toujours cinq suspects dans la foulée de sa rafle chez les militants étudiants.