Une activité de perturbation du cocktail d'ouverture du Grand Prix, une grande manifestation nue et l'habituelle manifestation nocturne ont animé le centre-ville de Montréal jeudi. Au total, la police a procédé à 39 arrestations, en vertu du Code criminel et pour violation de règlements municipaux.

Comme prévu, quelques centaines de manifestants s'étaient donné rendez-vous vers 17h à l'angle des rues des Seigneurs et Notre-Dame, dans le sud-ouest de la ville.

Le Service de police de la ville de Montréal (SPVM) n'a pas laissé le temps de souffler aux manifestants, qui étaient réunis à l'occasion de la grande fête d'ouverture du Grand Prix. Après 20 minutes, ils ont pris en souricière plus de 200 manifestants pour procéder à des arrestations ciblées dans le groupe.

C'est que s'y tenait out près le «Grand soir», soirée mondaine et caritative à très fort prix d'entrée. Des pilotes de Formule 1 y étaient aux côtés d'autres personnalités, dont l'ex-champion du monde de F1 québécois Jacques Villeneuve, qui a donné son opinion sur le conflit étudiant.



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La Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC) souhaitait perturber cette soirée qui symbolise pour elle «le machisme, la phallocratie et la pollution» associés à la tenue du Grand Prix. Un événement qui «exploite la majorité pour le bonheur de la minorité», a scandé un orateur au début de la manifestation.

Peu après 17h, le SPVM a déclaré la manifestation illégale, en raison du port du masque de certains, de l'absence d'itinéraire et de l'entrave à la voie publique.

Et les policiers n'ont pas toléré cela bien longtemps.

Peu après 17h20, un peloton du groupe d'intervention est arrivé par le nord sur des Seigneurs et a repoussé environ 200 personnes vers l'est sur Notre-Dame, d'où arrivait un autre peloton qui a refermé la souricière. Certains manifestants ont tenté de fuir ou d'entrer dans des immeubles à logements, en vain.

Les manifestants, indignés, ont alors réclamé l'habituel avis de dispersion généralement lancé par les policiers quand une manifestation est déclarée illégale.

«Nous n'avons pas eu d'avis de dispersion. Je n'ai pas entendu l'avis de manifestation illégale. Habituellement, quand la manifestation est déclarée illégale, je quitte. J'étais ici pour manifester pacifiquement», a déploré un manifestant pris dans la souricière.

Mais il n'y a pas eu d'avis de dispersion, parce que le SPVM a adopté une autre tactique. Les policiers ont décidé de ne pas procéder à une arrestation de masse, mais de plutôt entrer en petits groupes dans la foulepour y procéder à des arrestations ciblées.

Rapidement, des manifestants masqués, qui n'étaient pas très nombreux, ont retiré leurs vêtements noirs et leur masque. Le sol était alors jonché de vêtements, de lunettes de natation ou autres, de pots de confiture remplis de peinture, de jambières de soccer et même de drapeaux noirs.

Pendant près d'une heure, les policiers ont saisi des manifestants un à un, causant parfois la colère de la foule. Plus le temps passait, et plus les policiers de faisaient chahuter, pousser, insulter. Un agent a aspergé les manifestants de gaz irritant et un autre y est allé de coups de poings, mais pas de matraque. Puis les manifestants se sont ensuite fait refouler dans un espace plus petit. Si confinés, il leur était difficile de bouger.

«Nous avons arrêté des gens qui ont adopté la tactique du black bloc. L'un d'eux était en possession d'un cocktail Molotov», a annoncé le commandant du SPVM Ian Lafrenière.

Puis les manifestants qui n'avaient pas été arrêtés se sont fait annoncer peu après 18h qu'ils pouvaient finalement se disperser.

Des manifestants en ont rejoint d'autres qui n'avaient pas été arrêtés et se sont mis à marcher dans les rues du coin. Environ 200, ils se sont rendus jusqu'à la rue Crescent, où ont lieu les festivités principales du Grand Prix.

Ils y étaient attendus par un cordon de policiers.

La tension a monté.

Lors d'un premier assaut, des manifestants ont tenté sans succès de forcer la ligne de policiers de quartier qui bloquaient l'accès à la rue Crescent. Matraques et poivre de Cayenne ont répliqué.

Quelques minutes plus tard à peine, des manifestants se sont emparés de quelques grosses clôtures de métal et les ont lancées devant les policiers. Des protestataires ont aussi lancé des projectiles divers ainsi que l'étendard géant d'un commanditaire de l'événement.

Au moins deux femmes et un homme ont été arrêtés de façon musclée dans les affrontements.

Un autre homme a été arrêté cinq minutes plus tard, après une course-poursuite à pied. Selon des témoins, il aurait endommagé un véhicule de luxe.

À 19h, le gros de la foule était dispersé, mais la soirée n'était pas terminée. Deux grandes manifestations, dont l'une nue, et l'habituelle manifestation de 20h30 au départ du parc Émilie-Gamelin, se sont rejointes pour former un cortège hétéroclite de nudistes, de black blocs et de manifestants de tous horizons. Ils étaient environ 2000.

Angle Sainte-Catherine et Mansfield, d'imposants pelotons de policiers du groupe d'intervention ont tout tenté pour leur faire rebrousser chemin.

Un feu d'artifice a été lancé et a explosé en plein milieu d'un groupe de policiers. Un engin fumigène semble aussi avoir été lancé en leur direction. Un manifestant torse nu, mais cagoulé, a été vu en train de rayer des voitures de luxe.

Le groupe d'intervention a répliqué par une opération de dispersion musclée.

Le groupe a considérablement rétréci à ce moment, mais a tenté de revenir à la charge vers le secteur des festivités.

À 22h, une trentaine d'arrestations étaient signalées par le SPVM pour toutes les manifestations de la soirée. Certaines pour des infractions à des règlements municipaux, d'autres pour voies de fait et possession d'engins explosifs, indique la police.

Vers 22h45, la plupart des manifestants s'étaient dispersés.

Relisez la couverture en direct des manifestations de jeudi soir dans notre clavardage ci-dessous