Estimant que Montréal continue à faire les frais du conflit étudiant, le maire Gérald Tremblay demande la reprise des négociations suspendues la semaine dernière par le gouvernement. Il a lancé cet appel à sa sortie d'une rencontre avec la présidente de la FEUQ qui a tenté de le rassurer sur la poursuite des manifestations cet été.

«Le maire souhaite un retour rapide à la table des négociations pour régler le confit le plus rapidement possible», a indiqué une porte-parole, Martine Painchaud.

Le cabinet du maire a confirmé qu'il a eu ce matin une rencontre avec Martine Desjardins, présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ). La CLASSE et la FECQ n'ont pas été conviées tout simplement parce que c'est la FEUQ qui aurait pris l'initiative d'organiser cette rencontre, ajoute-t-on dans l'entourage du maire.

Durant la rencontre, Gérald Tremblay a exposé les impacts des manifestations sur l'économie de Montréal et fait part de l'exaspération des Montréalais. Il a également demandé à la leader étudiante à ce que les manifestations respectent la réglementation municipale. La métropole a récemment resserré ses règles encadrant les rassemblements, obligeant les organisateurs à fournir leur itinéraire 8 heures à l'avance et interdisant le port du masque. Ces deux dispositions sont fréquemment bafouées par les marches nocturnes organisées quotidiennes dans la métropole.

Dans un communiqué diffusé à l'issue de sa rencontre avec le maire, Martine Desjardins a indiqué qu'«il a été convenu qu'un règlement négocié dans les plus brefs délais était l'avenue a privilégier afin d'avoir une sortie de crise réussie», a précisé la FEUQ dans un communiqué envoyé aux médias.

Martine Desjardins a tenté de rassurer le maire sur la poursuite des moyens de pression du mouvement étudiant cet été, assurant que «cette présence se ferait dans le respect des différents événements et de leurs participants». Martine Desjardins dit vouloir maintenir «des liens de communication constants avec la Ville et les différents organisateurs [d'événements].»

La FEUQ s'est dite «préoccupée par les conséquences indirectes que [les commerçants] subissent, conséquences attribuables à l'attitude déplorable que le gouvernement Charest a eue en laissant pourrir le conflit».

Cette rencontre entre le maire et la FEUQ en a surpris plusieurs puisque Gérald Tremblay avait semblé fermer la porte à une telle rencontre. «Je n'ai pas de mandat, de quelque nature que ce soit, de me substituer au gouvernement et de faire des propositions aux étudiants, ou encore au gouvernement. Ma responsabilité comme maire de Montréal, ç'a été d'accompagner pendant de nombreuses semaines toutes celles et ceux qui ont voulu manifester de façon pacifique. Et de souhaiter un retour au calme, et surtout, un retour aux négociations le plus rapidement possible», avait-il déclaré en marge d'une conférence de presse, lundi après-midi.

Or quelques heures plus tard, le maire a discuté par téléphone avec Gilbert Rozon qui sortait d'une  rencontre avec les leaders étudiants. Le fondateur du Festival Juste pour rire a alors tendu son appareil à Martine Desjardins qui aurait convenu de le rencontrer ce matin.

Tant la CLASSE que la FECQ n'ont ainsi pas assisté à la rencontre. Les deux mouvements étudiants écartés n'ont pas semblé se formaliser d'être ainsi tenus à l'écart.

La FECQ tiendra un congrès cette fin de semaine lors duquel ses membres adopteront leur feuille de route estivale pour maintenir la pression sur le gouvernement. Sa nouvelle présidente, Éliane Laberge, tient néanmoins à faire écho à sa collègue de la FEUQ, en assurant que leurs manifestations ne perturberont pas les festivals de Montréal. «On s'est rendu compte que différents acteurs avaient besoin d'être rassurés, c'est pour ça qu'on a rencontré M. Rozon. On n'a pas l'intention de perturber les événements, on trouve que ce n'est pas dans notre intérêt de le faire.»