Des négociations très serrées sont à prévoir entre le gouvernement et la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ), qui réclamera un dédommagement pour la reprise du trimestre d'hiver dans les cégeps à la mi-août.

Au cabinet de la présidente du Conseil du Trésor, on estime «très exagérée» l'évaluation de 40 à 70 millions de dollars en dédommagement provenant des enseignants. Lors de l'adoption de la loi spéciale (78), le moment de la reprise des cours, en août, avait été choisi pour préserver les deux mois de vacances des enseignants de cégep.

«Quelques dizaines de millions»

À Québec, on fait valoir qu'une compensation est prévisible, mais qu'aux niveaux discutés, elle équivaudrait à payer un trimestre d'enseignement en double. Québec et les syndicats doivent se parler de nouveau le 15 juin, lorsqu'on connaîtra avec précision le nombre d'élèves attendus à la rentrée de la mi-août. La loi spéciale prévoit que les cégépiens qui veulent retourner en août doivent se manifester d'ici là.

La ministre Michelle Courchesne a rencontré la nouvelle présidente de la FNEEQ, Caroline Senneville, et le président de la CSN, Louis Roy, hier matin à Montréal. En entrevue à La Presse, Mme Senneville n'a pas voulu fixer de chiffre précis, mais le litige ne se réglera pas à moins de «quelques dizaines de millions», prévient-elle.

Le réaménagement forcera les 4000 enseignants de cégep à donner l'équivalent d'un trimestre et trois quarts de cours dans la période où ils donnent normalement un trimestre. Dans certains cas, il y aura du rattrapage le samedi. «Ce n'est pas symbolique comme surplus de travail, ainsi la compensation devra être plus que symbolique», dit-elle. Selon M. Roy, des enseignants seront appelés à travailler davantage - jusqu'à 20% de plus par jour, pendant six semaines. «C'est énorme», souligne-t-il.

«Mme Courchesne a dit qu'il faudrait quelque chose de raisonnable. On comprend que, pour elle, plus la facture est basse et mieux c'est!», affirme Mme Sasseville. Selon elle, le réaménagement, «c'est plus qu'un petit coup à donner» pour les enseignants.

Foule de cas particuliers

Les deux leaders syndicaux n'ont pas encore transmis leur demande officielle à Québec. Il y a en effet une foule de cas particuliers selon les établissements - des trimestres qui ont démarré, ont été arrêtés puis ont repris, pour être paralysés de nouveau, par exemple. Des rencontres de négociations sont à prévoir cette semaine, explique Mme Senneville.