Malgré l'importante controverse qu'elle a soulevée, la loi d'exception (78) a contribué à calmer le jeu, estime la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne. «Depuis que la loi est là, on constate que les manifestations sont pacifiques», soutient-elle dans une entrevue accordée à La Presse au terme d'une semaine de négociations, aussi intenses qu'infructueuses, avec les étudiants. «Force est de constater, et je croise les doigts, qu'il y a une accalmie», observe-t-elle.

La loi spéciale a soulevé bien des controverses, et elle a été critiquée par le Barreau et par les avocats du gouvernement. De plus, elle n'a pas encore été utilisée: les centaines d'arrestations d'il y a deux semaines, à Montréal et à Québec, ont été faites en vertu des règlements municipaux. Mais pas question de la suspendre ou de l'abroger. «Je ne vois pas comment on pourrait l'abroger maintenant. Il y a les festivals qui commencent, il faut protéger ces événements», lance Mme Courchesne. En outre, la loi prévoit les conditions de la reprise des cours, dans l'ordre, à la mi-août. «Tant qu'il n'y a pas d'entente avec les étudiants, elle est nécessaire.»

Pas différent ailleurs

La critique de deux observateurs des Nations unies cette semaine ne l'a pas irritée. «L'ONU peut légitimement se prononcer, mais quand on regarde la loi, un avis de huit heures pour la tenue d'une manifestation, qu'on compare à ce qui se passe dans d'autres grandes villes, la loi 78 n'est pas exagérée», observe Mme Courchesne.

«[Les observateurs] ont manifesté leurs inquiétudes, laisse tomber la ministre. Mais je répète haut et fort que le droit de manifester au Québec demeure. On va toujours respecter ce droit, ce qu'on demande, c'est que ce soit fait de façon pacifique et sécuritaire!»

Mme Courchesne, à la fois présidente du Conseil du Trésor et ministre de l'Éducation, n'est pas du genre à demander qu'on allège ses tâches. Celle qu'elle a remplacée, Line Beauchamp, a démissionné après avoir constaté l'échec de sa stratégie. Mme Courchesne n'est pas du même bois, en dépit de la rupture des discussions avec les étudiants, jeudi. «J'ai l'intention de poursuivre», lance-t-elle sans appel. Quand on lui demande si elle entend continuer longtemps avec deux ministères, elle réplique: «Longtemps? Il reste 18 mois au mandat!» Chose certaine, elle ne parle plus de son projet de quitter la politique - elle ne faisait pas de mystère qu'elle ne souhaitait pas un nouveau mandat il y a quelques mois.